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Charles Eisenstein

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Le Couronnement

March 31, 2020 by Charles Eisenstein

March 2020
Traduction de Marianne Souliez www.mariannesouliez.com. Il existe une version anglaise de cet essai.


Pendant des années, ce que l’on considérait comme normal s’est étiré jusqu’à approcher du point de rupture, telle une corde tendue de plus en plus fort, prête à être coupée en deux au moindre coup de bec du cygne noir. Maintenant que la corde s’est rompue, faut-il raccommoder ses extrémités ou bien continuer de défaire ses brins épars pour voir ce que l’on pourrait tisser avec ?

Le coronavirus nous montre que lorsque l’humanité se rassemble derrière une cause commune, un changement d’une rapidité phénoménale est possible. Aucun des problèmes du monde n’est techniquement difficile à résoudre ; tous proviennent de désaccords entre nous. Quand une cohérence (au sens ondulatoire) s’installe, les pouvoirs créatifs de l’humanité sont sans limites. Il y a quelques mois, une proposition de stopper les vols aériens commerciaux aurait semblé absurde. Il en aurait été de même pour les changements radicaux qui se mettent place aujourd’hui dans nos comportements sociaux, notre économie et le rôle des gouvernements. Le coronavirus démontre la puissance de notre volonté collective lorsque nous nous mettons d’accord sur ce qui est important. Que pourrait-on accomplir d’autre, en nous mettant ainsi en état de cohérence ? Que voulons-nous accomplir, et quel monde allons-nous créer ? C’est toujours la question qui suit l’éveil d’une personne à son propre pouvoir.

L’apparition du coronavirus est semblable au moment où une personne dépendante est confrontée à sa propre addiction ; l’emprise de sa normalité est rompue. Interrompre une habitude, c’est la rendre visible ; c’est faire d’une contrainte un choix. Lorsque la crise se calmera, on pourra peut-être se demander si l’on veut revenir à la normale, ou si l’on a aperçu quelque chose pendant cette interruption de la routine que l’on veut emporter pour cheminer vers l’avenir. On pourra se demander, après que tant de personnes auront perdu leur emploi, si tous ces emplois sont bien ceux dont le monde a le plus besoin et si notre travail et notre créativité ne seraient pas mieux utilisés ailleurs. On pourra se demander, après en avoir été privés pendant un certain temps, si l’on a vraiment besoin de tant de voyages en avion, de vacances à Disneyland ou de salons professionnels. Quels secteurs de l’économie voudrons-nous rétablir et lesquels pourrait-on choisir de laisser tomber ? Et sur une note plus sombre, parmi les choses dont on nous prive en ce moment – libertés civiles, liberté de réunion, souveraineté sur notre corps, rassemblements publics, étreintes, poignées de main et vie publique, pour lesquelles aura-t-on besoin de faire preuve de volonté politique et personnelle afin de les restaurer ?

J’ai vécu la majeure partie de ma vie avec le sentiment que l’humanité s’approchait d’un carrefour, de la croisée des chemins. Constamment, la crise, l’effondrement, la rupture était imminente, juste au tournant, mais elle n’arrivait pas, et elle n’arrivait toujours pas. Imaginez-vous marchant sur une route, et là, devant vous, vous le voyez, vous discernez le carrefour. Il se trouve juste derrière la colline, après le virage, après ce bois. Au sommet de la colline, vous vous apercevez que vous vous êtes trompé, c’était un mirage, il était plus loin que vous ne le pensiez. Vous continuez d’avancer. Tantôt il est visible, tantôt il disparaît et vous avez l’impression que cette route est sans fin. Peut-être qu’il n’y a pas de carrefour. Non, le voilà ! Constamment, il est presque là. Et jamais vraiment là.

Aujourd’hui, tout d’un coup, au détour d’un virage, le voilà. On s’arrête, à peine capables de croire que c’est maintenant que cela arrive, à peine capables de croire qu’après toutes ces années, cantonnés sur la route de nos prédécesseurs, nous avons maintenant enfin le choix. Il est juste de s’arrêter, stupéfaits par la nouveauté de la situation. Car, parmi les cent chemins qui partent dans toutes les directions devant nous, certains mènent vers celle que l’on a déjà empruntée. Certains mènent à l’enfer sur Terre. Et d’autres conduisent à un monde dont la guérison et la beauté dépassent tout ce que l’on n’a jamais osé croire possible.

J’écris ces mots pour me tenir ici avec vous à ce carrefour d’où les chemins divergent, et qui nous trouve désemparés, effrayés peut-être, mais aussi avec le sentiment que s’ouvre une nouvelle possibilité. Explorons certains de ces chemins, et voyons où ils mènent.

 

* * *

La semaine dernière une amie m’a raconté l’histoire suivante. Alors qu’elle était à l’épicerie, elle vit une femme sangloter dans l’allée. Faisant fi des règles de distanciation sociale, elle s’est avancée vers elle et l’a prise dans ses bras. « Merci, lui dit cette femme, cela fait dix jours que personne ne m’a prise dans les bras. »

Se passer d’étreintes quelques semaines semble un modeste prix à payer si cela permet d’endiguer une épidémie qui pourrait faire des millions de morts. Il y a une bonne raison d’installer la distanciation sociale à court terme : empêcher qu’une vague soudaine de cas de coronavirus ne submerge le système médical. Je voudrais replacer cet argument dans un contexte plus large, surtout si l’on prend en compte le long terme. Soyons conscients du choix que nous faisons et de la raison pour laquelle nous le faisons, sinon nous risquons d’institutionnaliser la distanciation et de réorganiser la société autour d’elle.

Il en va de même des autres changements qui se produisent autour de cette épidémie. Certains commentateurs ont fait remarquer qu’elle s’inscrit parfaitement dans un programme de contrôle totalitaire. Une population effrayée va accepter des restrictions des libertés civiles autrement difficiles à légitimer, telles que le suivi permanent des mouvements de chacun, les traitements médicaux obligatoires, la quarantaine forcée, une limitation de la liberté de voyager et de se rassembler, la censure de ce que les autorités considèrent comme de la désinformation, la suspension de l’habeas corpus et la surveillance militaire des civils. Nombre de ces mesures étaient déjà en cours d’installation avant le coronavirus. Depuis son avènement, leur attrait est irrésistible. Il en va de même pour l’automatisation du commerce, le passage de la participation aux événements sportifs et aux spectacles de divertissements au visionnage à distance, la migration de la vie des espaces publics vers les espaces privés, l’abandon des écoles de proximité au profit de l’éducation en ligne, le déclin des magasins en dur et le déplacement du travail et des loisirs humains vers les écrans. Le coronavirus accélère des tendances préexistantes, qu’elles soient politiques, économiques ou sociales.

Si tout ce qui précède est, à court terme, justifié par la nécessité d’aplanir la courbe (de croissance épidémiologique), on entend aussi beaucoup parler d’une « nouvelle normalité », c’est-à-dire que les changements ne seront peut-être pas du tout temporaires. Étant donné que la menace de maladie infectieuse, tout comme la menace terroriste, ne disparaîtra jamais, les mesures de contrôle pourraient facilement devenir permanentes. Si c’est de toute façon la direction que nous prenons, la justification actuelle doit s’inscrire dans un élan plus profond. Je vais analyser cet élan en deux parties : le réflexe du contrôle et la guerre contre la mort. Une fois qu’on l’aura compris, on verra émerger une opportunité initiatique, une opportunité que l’on voit déjà à l’œuvre sous la forme de la solidarité, de la compassion et de l’attention inspirées par cette épidémie.

 

Le réflexe du contrôle

Au moment où j’écris ces lignes, les statistiques officielles indiquent qu’environ 25 000 personnes sont mortes du coronavirus. D’ici à ce qu’il soit passé, le nombre de morts pourrait être dix ou cent fois plus élevé, voire, si les suppositions les plus alarmantes sont exactes, mille fois plus. Chacune de ces personnes a des proches, de la famille et des amis. La compassion et la conscience nous invitent à faire ce qui est possible pour éviter une vaine tragédie. Cela me touche personnellement : ma propre mère, que je chéris et dont la santé est fragile, fait partie des plus vulnérables à cette maladie qui tue surtout les personnes âgées et les infirmes.

Quels seront les chiffres finaux ? Impossible de répondre à cette question au moment où j’écris ces lignes. Les premiers rapports étaient alarmants ; pendant des semaines, le chiffre officiel, choquant, en provenance de Wuhan, qui a circulé sans fin dans les médias, était de 3,4%. de décès Ce chiffre, associé à la nature hautement contagieuse du virus, laissait présager des dizaines de millions de morts dans le monde, voire même dans les 100 millions. Depuis les estimations ont chuté car il est apparu que la plupart des cas sont bénins ou asymptomatiques. Puisque les tests ont été principalement effectués auprès de personnes gravement atteintes, le taux de mortalité est apparu artificiellement élevé. En Corée du Sud, où des centaines de milliers de personnes présentant des symptômes bénins ont été testées, le taux de mortalité est d’environ 1%. En Allemagne, où les tests s’étendent également à de nombreuses personnes présentant des symptômes bénins, le taux de mortalité est de 0,4 %. Un article récent de la revue Science affirme que 86 % des infections n’ont pas été répertoriées, ce qui indique un taux de mortalité apparemment bien plus faible que celui mentionné actuellement.

L’affaire du navire de croisière Diamond Princess renforce ce point de vue. Sur les 3’711 personnes à bord, environ 20% ont été testées positives ; dont moins de la moitié présentaient des symptômes, et parmi lesquelles huit sont décédées. Un bateau de croisière est le cadre idéal pour une contagion, et le virus a eu tout le temps de se propager à bord avant que quiconque n’intervienne : pourtant, seul un cinquième des personnes ont été infectées. En outre, la population du navire de croisière avait (comme la plupart des navires de croisière) une forte proportion de personnes âgées : près d’un tiers des passagers avaient plus de 70 ans, et plus de la moitié avaient plus de 60 ans. Une équipe de recherche a conclu du fait du grand nombre de cas asymptomatiques que le taux de mortalité réel en Chine était d’environ 0,5%. C’est encore cinq fois supérieur à celui de la grippe. Sur la base de ce qui précède (et en tenant compte d’une démographie beaucoup plus jeune en Afrique et en Asie du Sud et du Sud-Est), j’estime qu’il y aura environ 200 000 à 300 000 décès aux États-Unis – plus si le système médical est débordé, moins si les infections s’étalent dans le temps – et 3 millions dans le monde. Ce sont des chiffres graves. Depuis la pandémie de grippe de Hong Kong en 1968-1969, le monde n’a jamais été confronté à une telle situation.

Mes suppositions peuvent tout à fait être erronées. Chaque jour, les médias font le compte rendu du nombre total de cas de coronavirus, mais personne n’a la moindre idée du nombre réel car seule une infime partie de la population a été testée. Des dizaines de millions de personnes pourraient être des porteurs asymptomatiques du virus sans que nous n’en ayons aucune idée. Le taux élevé de faux positifs dans les tests actuels, qui avoisine peut-être les 80 %, complique encore la situation (lire ceci pour avoir une idée des incertitudes encore plus alarmantes sur la précision des tests.) Je le répète : personne ne sait ce qui se passe réellement, y compris moi. Soyons bien conscients de deux tendances contradictoires au sein des sociétés humaines. La première est la tendance qu’a l’hystérie à se nourrir d’elle-même, à exclure les données qui ne font pas le jeu de la peur, et à modeler le monde à son image. La seconde est le déni, le rejet irrationnel d’informations qui pourraient perturber la normalité et le confort. Comme le dit Daniel Schmachtenberger, « Comment savez-vous que ce que vous croyez est vrai ? ».

Face à l’incertitude, je voudrais faire une prédiction : la crise se déroulera de telle sorte que nous ne le saurons jamais ! Si le nombre de morts final, qui fera lui-même l’objet d’un litige, est inférieur à ce que l’on craignait, certains diront que c’est parce que les mesures de contrôles ont fonctionné. D’autres diront que c’est parce que la maladie n’était pas aussi dangereuse qu’on nous l’avait dit.

Pour moi, le plus déconcertant est de savoir pourquoi, à l’heure actuelle, il ne semble pas y avoir de nouveaux cas en Chine ? Le gouvernement n’a commencé à verrouiller le pays que bien après l’apparition du virus. Il aurait dû se propager largement à l’occasion du Nouvel An chinois, pendant lequel chaque avion, train et bus est bondé de personnes voyageant dans tout le pays. Que se passe-t-il vraiment ? Encore une fois, je ne sais pas, et vous non plus.

Que le nombre final de morts dans le monde soit de 50 000, 500 000 ou 5 millions, je vous propose d’examiner d’autres chiffres pour prendre du recul. Je ne soutiens PAS que le coronavirus n’est pas grave ni qu’il ne faut rien faire. Permettez-moi de poursuivre. L’année dernière, selon la FAO, cinq millions d’enfants dans le monde sont morts de faim (sur 162 millions souffrant d’un retard de croissance et 51 millions en dénutrition). C’est 200 fois plus que le nombre de personnes qui sont mortes jusqu’à présent à cause du coronavirus, et pourtant aucun gouvernement n’a déclaré l’état d’urgence ou demandé que nous modifiions radicalement notre mode de vie pour les sauver. On ne voit pas non plus de niveau comparable de cris d’alarme et d’actions au sujet des suicides – la pointe de l’iceberg des cas de désespoir et de dépression – qui tue plus d’un million de personnes par an dans le monde, dont 50000 aux États-Unis. Ou encore au sujet des overdoses de médicaments qui tuent 70000 personnes aux États-Unis, de l’épidémie de maladies auto-immunes qui affecte entre 23,5 millions (chiffre du NIH) et 50 millions de personnes (chiffre de l’AARDA), ni de l’obésité, qui touche largement plus de 100 millions de personnes. Pourquoi donc ne faisons-nous pas preuve d’une telle frénésie pour éviter l’apocalypse nucléaire ou l’effondrement écologique, mais au contraire, continuons-nous à faire des choix qui amplifient ces dangers ?

Attention : cela ne veut pas dire que puisque nous n’avons pas changé nos modes de vie pour empêcher les enfants de mourir de faim, nous ne devrions pas les changer pour le coronavirus. C’est le contraire : si nous pouvons changer aussi radicalement pour le coronavirus, c’est que nous pouvons également le faire pour ces autres causes. Demandons-nous pourquoi nous sommes capables d’unir notre volonté collective pour endiguer ce virus, mais pas pour faire face aux autres graves menaces qui pèsent sur l’humanité. Pourquoi, jusqu’à présent, la société a-t-elle été autant coincée dans sa trajectoire actuelle ?

La réponse est révélatrice. Tout simplement, parce que face à la faim dans le monde, à la toxicomanie, aux maladies auto-immunes, au suicide ou à l’effondrement écologique, en tant que société, nous ne savons pas quoi faire. Les réponses que nous savons automatiquement mettre en œuvre face aux crises, et qui toutes sont une forme de contrôle, ne sont pas très efficaces pour faire face à ces menaces. Aujourd’hui, une épidémie contagieuse se déclare et on peut enfin passer à l’action. C’est une crise pour laquelle le contrôle fonctionne : quarantaine, confinement, isolement, lavage des mains ; contrôle des mouvements, contrôle de l’information, contrôle de notre corps. Cela fait du coronavirus un réceptacle commode pour toutes nos peurs mal définies, un endroit où canaliser notre sentiment d’impuissance croissant face aux changements à l’œuvre dans le monde. Le coronavirus, lui, est une menace que nous savons comment affronter. Contrairement à tant d’autres de nos peurs, il se prête à un plan d’action.

Les institutions de notre civilisation sont de plus en plus impuissantes à relever les défis de notre temps. Quel accueil elles réservent à un défi qu’elles peuvent enfin relever ! Comme elles sont désireuses de le considérer comme une crise primordiale ! Comment leurs systèmes de gestion de l’information choisissent naturellement les représentations les plus alarmantes. Comme la population se joint facilement à la panique, épousant une menace que les autorités peuvent gérer et qui se substitue aux diverses menaces indicibles qu’elles ne savent comment gérer.

Aujourd’hui, la plupart de nos défis ne succombent plus à l’usage de la force. Nos antibiotiques et nos interventions chirurgicales ne parviennent pas à résoudre l’escalade des crises sanitaires que sont les maladies auto-immunes, la toxicomanie et l’obésité. Nos armes et nos bombes, construites pour vaincre des armées, sont incapables d’effacer la haine qui monte à l’étranger ou d’empêcher la violence domestique de pénétrer dans nos foyers. Notre police et nos prisons ne peuvent guérir le contexte qui entretient la criminalité. Nos pesticides ne peuvent restaurer les sols saccagés. Le coronavirus rappelle le bon vieux temps où les maladies infectieuses étaient vaincues par la médecine et l’hygiène modernes pendant que les nazis étaient vaincus par la machine de guerre, et que la nature elle-même était vaincue (ou du moins le semblait-elle) par la conquête et le progrès technologiques. Il rappelle l’époque où nos armes fonctionnaient et où le monde semblait en effet s’améliorer à chaque apparition d’une nouvelle technologie de contrôle.

Quel genre de problème se vainc par la domination et le contrôle ? Un problème causé par un élément extérieur, par quelque chose d’Autre. Lorsque la cause du problème est quelque chose qui nous appartient, comme les sans-abris ou l’inégalité, la dépendance ou l’obésité, il n’y a rien contre quoi se battre. Nous pouvons essayer d’introniser un ennemi, en accusant par exemple, les milliardaires, Vladimir Poutine ou le Diable, mais ce faisant on passe à côté d’informations-clés, comme le contexte qui permet aux milliardaires (ou aux virus) de se reproduire en premier lieu.

S’il est une chose à laquelle notre civilisation excelle, c’est bien de combattre un ennemi. Nous accueillons avec plaisir les occasions de faire ce pour quoi nous excellons et qui prouvent la validité de nos technologies, de nos systèmes et de notre vision du monde. Par conséquent nous fabriquons des ennemis, nous présentons la criminalité, le terrorisme et la maladie comme des enjeux eux-contre-nous et nous mobilisons nos énergies collectives dans tout projet envisageable de cette façon. Ainsi, nous présentons le coronavirus comme un appel aux armes, réorganisant la société comme s’il s’agissait d’un effort de guerre… tout en considérant comme tout à fait normaux la possibilité d’une apocalypse nucléaire, l’effondrement écologique et la mort de faim de cinq millions d’enfants.

 

Le récit complotiste

Parce que le coronavirus semble légitimer un si grand nombre d’éléments de la liste de souhaits totalitaires, certains croient qu’il s’agit d’un coup de force délibéré. Mon but n’est ni de faire progresser cette théorie ni de la démystifier, même si je ferai quelques commentaires de niveau macroscopique. Tout d’abord, un bref aperçu.

Ces théories (dont il existe de nombreuses variantes) évoquent “Event 201” (un événement sponsorisé par la Fondation Gates, la CIA, etc. en septembre dernier), ainsi qu’un livre blanc de la Fondation Rockefeller de 2010 qui présente dans le détail un scénario appelé « Lockstep ». Tous deux font l’exposé d’une réponse autoritaire à une hypothétique pandémie. Ces théories font remarquer que les infrastructures, la technologie et le cadre législatif de la loi martiale sont en préparation depuis de nombreuses années. Tout ce qui manquait, disent-elles, était un moyen d’y faire adhérer les populations, et c’est maintenant chose faite. Que les contrôles actuels soient permanents ou non, il est en train de se créer un précédent pour :

  • Le suivi du déplacement des personnes à tout moment (à cause du coronavirus)
  • La suspension de la liberté de réunion (à cause du coronavirus)
  • La surveillance militaire des civils (à cause du coronavirus)
  • La détention extrajudiciaire pour une durée indéterminée (la quarantaine, à cause du coronavirus)
  • L’interdiction de l’argent liquide (à cause du coronavirus)
  • La censure de l’Internet (pour lutter contre la désinformation, à cause du coronavirus)
  • La vaccination et autres traitements médicaux obligatoires, établissant la souveraineté de l’État sur notre corps (à cause du coronavirus)
  • La classification de toutes les activités et objectifs dans les catégories expressément autorisées ou expressément interdites (vous pouvez quitter votre maison pour ceci, mais pas pour cela), en éliminant toute zone grise non policée et non juridique. Cet absolutisme est l’essence même du totalitarisme. Et c’est nécessaire aujourd’hui à cause… eh bien… du coronavirus !

Tout ceci est du matériau juteux pour les théories du complot. Pour autant que je sache, l’une de ces théories pourrait être vraie ; cependant le même enchaînement d’événements pourrait découler d’un penchant systémique inconscient vers toujours plus de contrôle. D’où vient ce penchant ? Il fait partie de l’ADN de la civilisation. Depuis des millénaires, la civilisation (par opposition aux cultures traditionnelles à petite échelle) a envisagé le progrès comme l’extension du contrôle sur le monde : domestiquer la nature, vaincre les barbares, maîtriser les forces de la nature et ordonner la société selon la loi et la raison. L’augmentation du contrôle s’est accélérée avec la révolution scientifique, qui a poussé le « progrès » vers de nouveaux sommets : l’ordonnancement de la réalité en catégories et quantités objectives, et la maîtrise de la matérialité par la technologie. Enfin, les sciences sociales ont promis d’utiliser les mêmes moyens et les mêmes méthodes pour matérialiser l’ambition de créer une société parfaite (ce qui remonte à Platon et à Confucius).

Ceux qui gèrent la civilisation accueillent par conséquent volontiers toute occasion de renforcer leur contrôle, car après tout, c’est au service d’une grande vision de la destinée humaine : un monde parfaitement ordonné où la maladie, la criminalité, la pauvreté et peut-être la souffrance elle-même peuvent être éliminées à l’aide de l’ingénierie. Nul motif maléfique n’est donc nécessaire. Bien sûr qu’ils voudraient suivre chacun à la trace – pour mieux garantir le bien commun. Pour eux, le coronavirus montre à quel point tout cela est nécessaire. « Pouvons-nous nous permettre le luxe de libertés démocratiques face au coronavirus ? demandent-ils. Devons-nous aujourd’hui, par nécessité, les sacrifier pour notre propre sécurité ? » C’est une rengaine familière ; elle a en effet accompagné d’autres crises par le passé, comme celle du 11 septembre.

Pour reprendre une métaphore connue, imaginez un homme avec un marteau en quête d’une raison de l’utiliser. Soudain, il voit un clou qui dépasse. Cela fait longtemps qu’il cherche un clou, qu’il tape sur des vis et des boulons sans accomplir grand-chose. Dans sa vision du monde, le marteau est le meilleur outil qui soit et le monde peut s’améliorer en tapant sur des clous. Et justement voici un clou ! On peut imaginer que, dans son empressement, c’est lui qui a placé ce clou là, mais peu importe. Il se peut même que ce qui dépasse ne soit même pas vraiment un clou, mais ça y ressemble suffisamment pour qu’il commence à taper dessus. Lorsque l’outil est prêt, l’occasion de l’utiliser se présente toujours.

J’ajouterai, pour ceux qui seraient enclins à douter des autorités, que cette fois-ci, c’est peut-être vraiment un clou. Dans ce cas, le marteau est bien le bon outil – et le principe du marteau en sortira renforcé, prêt à s’exercer sur les vis, les boulons, les pinces ou les déchirures qui se présenteront.

Quoi qu’il en soit, le problème auquel nous faisons face est bien plus profond que celui de renverser une clique d’Illuminati maléfiques. Même s’ils existent, étant donné le penchant de la civilisation, la tendance se maintiendrait sans eux, ou bien un nouvel ordre Illuminati apparaîtrait pour reprendre le rôle de l’ancien.

Vraie ou fausse, l’idée que l’épidémie soit un monstrueux complot perpétré sur les populations par des êtres malfaisants n’est pas si éloignée de l’état d’esprit consistant à « trouver un pathogène ». C’est une mentalité de croisade, une mentalité de guerre. Elle attribue la source d’une maladie sociopolitique à un agent pathogène contre lequel il est ensuite possible de se battre, un persécuteur séparé de nous-mêmes. Elle risque de laisser de côté les conditions qui font de la société un terrain fertile pour ce genre de complots. Que la graine ait été semée sur ce terrain volontairement ou bien par le vent est, pour moi, une question secondaire.

Ce que je vais exposer ensuite est valable, que le coronavirus soit ou non une arme biologique génétiquement modifiée, qu’il soit ou non lié au déploiement de la 5G, qu’il soit ou non utilisé pour empêcher la “révélation”, qu’il soit ou non un cheval de Troie pour un gouvernement mondial totalitaire, qu’il soit plus mortel ou moins mortel qu’on ne nous l’a dit, qu’il provienne ou non d’un laboratoire de Wuhan, qu’il soit ou non originaire de Fort Detrick, et qu’il soit ou non exactement ce que le CDC et l’OMS nous ont dit. Cela s’applique même si tout le monde se trompe totalement sur le rôle du virus SRAS-CoV-2 dans l’épidémie actuelle. J’ai mon avis, mais s’il y a une chose que j’ai apprise au cours de cette situation d’urgence, c’est que je ne sais pas vraiment ce qui se passe. Je ne vois d’ailleurs pas comment quelqu’un pourrait le savoir, au milieu du bouillonnement confus d’informations, de fake news, de rumeurs, d’informations réprimées, de théories du complot, de propagande et de récits politisés qui inondent Internet. J’aimerais que beaucoup plus de gens acceptent de ne pas savoir ce qui se passe. Je dis cela à la fois pour ceux qui adoptent le récit dominant, ainsi que pour ceux qui écoutent les récits dissidents. Quelles sont les informations que nous sommes potentiellement en train refuser, afin de maintenir l’intégrité de nos points de vue ? Restons humbles dans nos convictions : c’est une question de vie ou de mort.

 

La guerre contre la mort

Cela fait deux semaines que mon fils de 7 ans n’a ni vu ni joué avec un autre enfant. Des millions d’autres sont dans le même cas. La plupart des gens conviendraient qu’un mois sans interaction sociale pour tous ces enfants est un sacrifice acceptable pour sauver un million de vies. Mais s’il s’agissait de sauver 100’000 vies ? Et si le sacrifice n’était pas d’un mois mais d’un an ? De cinq ans ? Chacun aura une opinion à ce sujet, en fonction de ses propres valeurs.

Remplaçons les questions précédentes par quelque chose de plus personnel, afin de briser la pensée utilitaire inhumaine qui transforme les gens en statistiques et en sacrifie certains à autre chose. La question pertinente pour moi est celle-ci: est-ce que je demanderais à tous les enfants du pays de renoncer à jouer pendant une saison entière, si cela réduisait le risque de mort de ma mère ou, d’ailleurs, celui de ma propre mort ? Ou bien : est-ce que je décréterais la fin des étreintes et des poignées de main humaines si cela pouvait sauver ma propre vie ? Il ne s’agit pas de dévaloriser la vie de maman ni la mienne, qui sont précieuses toutes les deux. J’ai de la gratitude pour chaque jour où elle est encore avec nous. Mais ces questions soulèvent des interrogations profondes. Quelle est la bonne manière de vivre ? Quelle est la bonne manière de mourir ?

La réponse à ces questions, qu’elles soient posées en notre nom propre ou au nom de la société dans son ensemble, dépend de notre approche de la mort et de la valeur que nous accordons au jeu, au toucher et à l’intimité, ainsi qu’aux libertés civiles et à la liberté individuelle. Il n’existe pas de formule simple pour équilibrer ces valeurs.

Au cours de ma vie, j’ai vu la société mettre de plus en plus l’accent sur la sûreté, la sécurité et la réduction des risques. Cela a particulièrement touché l’enfance : quand nous étions jeunes, il était normal de nous promener à un kilomètre de la maison sans surveillance – un comportement qui, aujourd’hui, mériterait aux parents la visite des services de protection de l’enfance. Cela se manifeste également par des gants en latex dans toujours plus de professions, de gel antibactérien dans les moindres recoins, de bâtiments scolaires verrouillés, gardés et surveillés, d’une intensification des contrôles dans les aéroports et aux frontières, d’une sensibilisation accrue à la responsabilité légale et à l’assurance responsabilité civile, de détecteurs de métaux et de fouilles avant d’entrer dans de nombreuses stades et bâtiments publics, etc. En gros, cela se manifeste par un État sécuritaire.

Le mantra « la sécurité d’abord » découle d’un système de valeurs qui fait de la survie la priorité absolue et qui déprécie d’autres valeurs comme le plaisir, l’aventure, le jeu et le fait de défier les limites. D’autres cultures ont des priorités différentes. Par exemple, de nombreuses cultures traditionnelles et indigènes sont beaucoup moins protectrices des enfants, comme le montre l’ouvrage classique de Jean Liedloff, Le concept du continuum. Elles leur permettent de prendre des risques et des responsabilités qui sembleraient insensées à la plupart de nos contemporains, car elles estiment que cela est nécessaire pour que les enfants développent leur autonomie et leur discernement. Je crois que la plupart de nos contemporains, en particulier les jeunes, conservent une partie de cette volonté innée de sacrifier leur sécurité à la possibilité de vivre pleinement leur vie. Cependant la culture environnante nous incite sans relâche à vivre dans la peur et a élaboré des systèmes qui incarnent la peur. Dans ces systèmes, rester en sécurité est primordial. Ainsi, nous avons un système médical dans lequel la plupart des décisions sont basées sur le calcul des risques, et dans lequel le pire résultat possible, celui qui marque l’échec ultime du médecin, est la mort. Pourtant, nous savons tous que la mort nous attend de toute façon. Une vie sauvée est en fait une mort différée.

L’accomplissement ultime du programme de contrôle de la civilisation serait de triompher de la mort elle-même. À défaut, la société moderne se contente d’un fac-similé de ce triomphe : le déni plutôt que la conquête. Notre société est une société qui nie la mort, que ce soit en dissimulant les cadavres, en fétichisant la jeunesse ou en entreposant les personnes âgées dans les maisons de retraite. Même son obsession de l’argent et de la propriété – qui sont des extensions du moi, comme l’indiquent les mots « ma », « mon », « mes » – exprime l’illusion que le moi impermanent peut être rendu permanent par ses attachements. Tout cela est inévitable étant donné l’histoire du moi qu’offre la modernité : un individu séparé dans un monde fait d’Autres (différents de soi). Entouré de concurrents génétiques, sociaux et économiques, pour s’épanouir, ce moi doit se protéger et dominer. Il doit faire tout son possible pour déjouer la mort, qui (dans l’histoire de la séparation) équivaut à un anéantissement total. La biologie nous a même appris que notre nature même est de maximiser nos chances de survie et de reproduction.

J’ai demandé à une amie médecin qui a vécu avec les Q’ero au Pérou, si les Q’ero intuberaient quelqu’un (s’ils en avaient la possibilité) pour prolonger sa vie. « Bien sûr que non, m’a-t-elle répondu. Ils convoqueraient le chaman pour l’aider à bien mourir. » Bien mourir (ce qui n’est pas forcément la même chose que mourir sans douleur) ne fait pas partie du vocabulaire médical actuel. Il n’existe pas de dossier médical pour savoir si les patients meurent bien. Cela ne serait pas considéré comme un résultat favorable. Dans le monde du moi séparé, la mort est la catastrophe ultime.

Mais est-ce vrai ? Que dites-vous de ce point de vue du Docteur Lissa Rankin : « Nous ne ferions pas tous le choix de nous retrouver dans une unité de soins intensifs, isolés de nos proches et branché à une machine qui respire à notre place avec le risque de mourir seuls – même si cela signifie augmenter nos chances de survie. Certains d’entre nous préféreraient être chez eux dans les bras de leurs proches, même si cela signifie que leur heure est venue… Souvenez-vous que la mort n’est pas une fin. La mort, c’est rentrer à la maison. »

Lorsqu’on comprend que le moi est relationnel, interdépendant, voire même inter-existant, alors mon moi déborde sur l’autre, et l’autre déborde sur mon moi. Lorsqu’on comprend que le moi est un nœud de conscience dans une matrice de relations, on ne cherche plus un ennemi pour expliciter chaque problème, mais on cherche plutôt où et quels sont les déséquilibres dans les relations. La Guerre Contre la Mort fait place à la quête d’une vie saine et pleine, et on constate que la peur de la mort est en réalité la peur de la vie. Combien de vie allons-nous sacrifier pour rester en sécurité ?

Le totalitarisme – le perfectionnement du contrôle – est l’inévitable produit final de la mythologie du moi séparé. Quelle plus belle justification du contrôle absolu qu’une menace pour la vie, comme l’est une guerre ? Orwell a ainsi souligné que la guerre perpétuelle était un élément crucial du régime du Parti.

Sur la toile de fond du programme de contrôle, du déni de la mort et du moi séparé, l’hypothèse selon laquelle les politiques publiques devraient chercher à minimiser le nombre de morts est presque incontestable, et cela devient un objectif auquel sont subordonnées d’autres valeurs comme le jeu, la liberté, etc. Le coronavirus offre l’occasion d’élargir cette vision des choses. Oui, tenons la vie pour sacrée, plus sacrée que jamais. C’est ce que la mort nous enseigne. Considérons chaque personne, jeune ou vieille, malade ou bien portante, comme l’être sacré, précieux et aimé qu’elle est en vérité. Et dans le cercle de nos cœurs, faisons aussi de la place pour d’autres valeurs sacrées. Tenir la vie pour sacrée ne signifie pas seulement vivre longtemps, mais vivre une vie bonne, juste et remplie.

Comme toute peur, la peur qui entoure le coronavirus laisse entrevoir ce qui pourrait se trouver au-delà. Toute personne ayant vécu le décès d’un proche sait que la mort est un portail vers l’amour. Or le coronavirus a élevé la mort au rang de priorité dans la conscience d’une société qui la nie. De l’autre côté de cette peur, on aperçoit l’amour que la mort fait éclore. Je fais le vœu qu’il se répande, qu’il sature le sol de notre culture et remplisse ses nappes phréatiques afin qu’il remonte et infiltre les fissures de nos institutions sclérosées, de nos systèmes et de nos habitudes. Certains de ceux-là mourront peut-être aussi.

 

Dans quel monde voulons-nous vivre ?

Combien de vie voulons-nous sacrifier sur l’autel de la sécurité ? Si cela nous permet d’être plus en sécurité, voulons-nous vivre dans un monde où les êtres humains ne se retrouvent jamais en groupe ? Voulons-nous porter des masques en public en permanence ? Voulons-nous subir un examen médical à chaque voyage, si cela peut sauver tant de vies par année ? Sommes-nous prêts à accepter la médicalisation de la vie entière, en cédant toute souveraineté sur notre corps à des autorités médicales (choisies par des autorités politiques) ? Voulons-nous que chaque événement soit un événement virtuel ? Dans quelle mesure sommes-nous prêts à vivre dans la peur ?

Le coronavirus finira par disparaître, mais la menace de maladie infectieuse est permanente. Notre réponse à cette menace trace notre route vers l’avenir. La vie publique, la vie communautaire, l’aspect physique de la vie en commun se sont progressivement réduits sur plusieurs générations. Au lieu de faire nos courses dans des magasins, nous nous faisons livrer à domicile. Au lieu de bandes d’enfants qui jouent dehors, nous avons des invitations à venir jouer et des aventures numériques. Au lieu de la place publique, nous avons le forum en ligne. Souhaitons-nous continuer à nous isoler chaque fois un peu plus les uns des autres et du monde ?

On peut facilement imaginer, surtout si la distanciation sociale fonctionne, que le coronavirus soit encore actif au-delà des 18 mois annoncés pour qu’il suive son cours. On peut facilement imaginer que de nouveaux virus apparaissent pendant cette période. On peut facilement imaginer que les mesures d’urgence deviennent la norme (afin de prévenir la possibilité d’une nouvelle épidémie), tout comme l’état d’urgence déclaré après le 11 septembre est toujours en vigueur aujourd’hui. On peut facilement imaginer, que (comme on nous le dit), qu’une réinfection soit possible, de sorte que la maladie ne puisse jamais suivre son cours. Cela signifie qu’il est possible que les changements temporaires de notre mode de vie deviennent permanents.

Pour réduire le risque d’une nouvelle pandémie, devons-nous choisir de vivre dans une société où jamais plus nous ne pourrons nous étreindre, nous serrer la main, nous faire un “high-five” ? Choisirons-nous de vivre dans une société où nous ne nous rassemblerons plus en masse ? Les concerts, les compétitions sportives et les festivals vont-ils disparaître ? Les enfants vont-ils cesser de jouer avec d’autres enfants ? Tous les contacts humains devront-ils se faire par l’intermédiaire d’ordinateurs et sous des masques ? Plus de cours de danse, plus de cours de karaté, plus de conférences, plus d’églises ? La réduction du nombre de décès doit-elle devenir le critère de mesure du progrès ? L’évolution de l’humanité est-elle la séparation ? Est-ce cela l’avenir ?

La même question s’applique aux outils administratifs nécessaires pour contrôler le mouvement des personnes et la circulation de l’information. Au moment où j’écris ces lignes, le pays tout entier s’achemine vers le confinement. Dans certains pays, il faut imprimer un formulaire à partir d’un site web du gouvernement pour pouvoir sortir de chez soi. Cela me rappelle l’école, où l’on doit toujours obtenir l’autorisation d’aller quelque part. Ou de la prison. Allons-nous envisager un avenir fait de laissez-passer électroniques, un système où la liberté de circulation est régie par les administrateurs de l’État et leurs logiciels à tout moment et de manière permanente ? Où chaque mouvement est suivi, qu’il soit autorisé ou interdit ? Et où, pour notre protection, les informations qui menacent notre santé sont censurées pour notre propre bien (informations choisies, encore une fois, par diverses autorités) ? En état d’urgence, comme en état de guerre, on accepte de telles restrictions et l’on abandonne temporairement nos libertés. Tout comme le 11 septembre, le coronavirus l’emporte sur toutes les objections.

Pour la première fois dans l’histoire, il existe des moyens technologiques pour réaliser une telle vision, du moins dans le monde développé (par exemple, l’utilisation des données de localisation des téléphones portables pour imposer la distanciation sociale ; voir aussi ici). Après une transition mouvementée, on pourrait se retrouver à vivre dans une société où presque toute la vie se déroule sur internet : achats, rencontres, divertissements, relations sociales, travail, et même rencontres amoureuses. Est-ce là ce que nous voulons ? Combien de vies sauvées cela vaut-il ?

Je suis certain que bon nombre des contrôles en vigueur aujourd’hui seront partiellement assouplis dans quelques mois. Partiellement assouplis, mais prêts à l’emploi. Tant que les maladies infectieuses seront présentes, ils risquent d’être imposés de nouveau à l’avenir, de manière répétée, ou de s’imposer d’eux-mêmes sous forme d’habitudes. Comme le dit Deborah Tannen dans un article de Politico sur la manière dont le coronavirus va changer le monde à jamais, « On sait maintenant qu’il peut être risqué de toucher des objets, d’être avec d’autres personnes et de respirer le même air dans un espace clos… Cela pourrait devenir une seconde nature de ne plus se serrer la main ni se toucher le visage, et toute la société pourrait se retrouver avec un trouble obsessionnel-compulsif, où aucun d’entre nous ne pourra s’empêcher de se laver les mains ». Après des milliers d’années, des millions d’années, de toucher, de contact et d’intimité, le point culminant du progrès humain sera-t-il de cesser les activités de cette nature parce qu’elles sont trop risquées ?

 

La vie est communauté

Le paradoxe du programme de contrôle est que ses progrès nous rapprochent rarement de son but. En dépit des systèmes d’alarme installés dans la quasi-totalité des maisons de la classe moyenne supérieure, les gens ne sont pas moins anxieux et ne se sentent pas plus en sécurité qu’il y a vingt ans. En dépit de mesures de sécurité élaborées, les écoles ne voient pas diminuer le nombre de fusillades. En dépit des progrès phénoménaux de la technologie médicale, l’état de santé de la population s’est dégradé ces trente dernières années : les maladies chroniques ont proliféré et l’espérance de vie a stagné, et a même commencé à diminuer aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

De la même manière, les mesures mises en place pour contrôler le coronavirus pourraient finir par causer plus de souffrances et de morts qu’elles n’en préviennent. Réduire le nombre de morts signifie réduire au minimum les morts que nous savons prévoir et mesurer. Il est impossible par exemple de mesurer les décès supplémentaires qui résulteraient de dépressions induites par l’isolement, du désespoir causé par le chômage, ou de la baisse de l’immunité et de la détérioration de l’état de santé que peut provoquer une peur chronique. Des études ont montré que la solitude et le manque de contacts sociaux augmentent l’inflammation, la dépression et la démence sénile. Selon le Docteur Lissa Rankin, la pollution de l’air augmente le risque de décès de 6 %, l’obésité de 23 %, l’abus d’alcool de 37 % et la solitude de 45 %.

Un autre danger qui n’est pas pris en compte est la détérioration de l’immunité causée par une hygiène excessive et la distanciation. Si l’on a besoin de contact social pour être en bonne santé, on a tout autant besoin de contact avec le monde microbien. De manière générale, les microbes ne sont pas nos ennemis, mais nos alliés en matière de santé. Un mircobiote intestinal diversifié, qui inclut des bactéries, des virus, des levures et d’autres organismes, est essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire, et sa diversité se maintient grâce au contact avec d’autres personnes et avec le monde vivant. Un lavage excessif des mains, une surconsommation d’antibiotiques, une propreté aseptique et l’absence de contact humain peuvent faire plus de mal que de bien. Les allergies et les troubles auto-immunes qui en résultent peuvent être pires que la maladie infectieuse qu’ils remplacent. Au niveau social et biologique, la santé est le fruit de la communauté. La vie ne s’épanouit pas dans l’isolement.

Regarder le monde avec un filtre « eux-contre-nous » nous aveugle sur le fait que la vie et la santé sont le fruit de la communauté. Pour prendre l’exemple des maladies infectieuses, on ne regarde pas plus loin que le mauvais agent pathogène et on ne se demande pas : « Quel rôle jouent les virus dans le microbiote (Voir aussi ici) ? Quels sont les états physiques dans lesquels les virus nocifs prolifèrent ? Pourquoi certaines personnes présentent-elles des symptômes bénins et d’autres des symptômes graves (au-delà de l’explication creuse et fourre-tout de « vulnérabilité ») ? Quel rôle positif la grippe, le rhume et autres maladies non mortelles peuvent-ils jouer dans le maintien de la santé ?

La mentalité de la guerre contre les microbes donne des résultats similaires à ceux de la guerre contre la terreur, de la guerre contre la criminalité, de la guerre contre les mauvaises herbes et des guerres sans fin que nous menons sur les plans politique et interpersonnel. Premièrement, elle génère des guerres sans fin ; et deuxièmement, elle détourne notre attention du terrain ou contexte ambiant qui engendrent la maladie, le terrorisme, la criminalité, les mauvaises herbes et tout le reste.

Malgré les sempiternelles affirmations des politiciens selon lesquelles ils font la guerre au nom de la paix, la guerre engendre inévitablement la guerre. Bombarder des pays pour tuer des terroristes, c’est non seulement refuser de voir le contexte dans lesquelles le terrorisme naît et grandit, mais aussi l’exacerber. Enfermer les criminels, c’est non seulement refuser de voir le contexte qui engendre le crime, mais créer ce contexte en déchirant les familles et les communautés et en acculturant les détenus à la criminalité. Les régimes d’antibiotiques, de vaccins, d’antiviraux et d’autres médicaments quant à eux ravagent l’écologie du corps, qui est la base d’une bonne immunité. À l’extérieur du corps, les campagnes de pulvérisation massive déclenchées par le Zika, la dengue et maintenant le coronavirus vont causer des dommages incalculables à l’écologie de la nature. Quelqu’un a-t-il réfléchi aux effets sur l’écosystème de la pulvérisation d’antiviraux ? Une telle politique (qui a été mise en œuvre à plusieurs endroits en Chine et en Inde) n’est envisageable que dans une mentalité de séparation, qui ne comprend pas que les virus font partie intégrante de la toile de la vie.

Pour comprendre cette question du contexte ou du terrain, examinons quelques statistiques sur la mortalité en Italie (issues de son institut national de la santé), basées sur une analyse de centaines de décès par le coronavirus. Parmi les personnes analysées, moins de 1 % n’avaient pas de maladie chronique grave. Quelques 75 % souffraient d’hypertension, 35 % de diabète, 33 % d’ischémie cardiaque, 24 % de fibrillation atriale, 18 % d’insuffisance rénale, ainsi que d’autres affections que je n’ai pu déchiffrer dans le rapport italien. Près de la moitié des personnes décédées présentaient trois de ces pathologies graves ou plus. Les Américains, qui sont en proie à l’obésité, au diabète et à d’autres maladies chroniques, sont au moins aussi vulnérables que les Italiens. Le coupable est-il donc le virus (qui a tué peu de personnes par ailleurs en bonne santé) ou la mauvaise santé sous-jacente ? Là encore, l’analogie de la corde tendue fonctionne. Dans notre société moderne, des millions de personnes sont dans un état de santé précaire, attendant simplement que quelque chose qui autrement serait insignifiant les fasse basculer. Bien sûr qu’à court terme nous voulons leur sauver la vie ; le danger est de nous perdre dans une succession interminable d’objectifs à court terme, en luttant contre une maladie infectieuse après l’autre, sans jamais s’intéresser au terrain qui rend les gens si vulnérables. C’est un problème beaucoup plus compliqué, parce que ce terrain ne changera pas par le combat. Aucun agent pathogène ne cause le diabète, l’obésité, la dépendance, la dépression ou le syndrome de stress post-traumatique. Les causes de ces afflictions ne sont pas un Autre, ne sont pas un virus séparé de nous dont nous serions les victimes.

Même dans des maladies comme le coronavirus, où l’on peut désigner un virus pathogène, les choses ne sont pas aussi simples qu’une guerre entre le virus et la victime. Il existe une alternative à la théorie microbienne de la maladie qui considère les microbes comme faisant partie d’un processus plus vaste. Lorsque les conditions leur sont favorables, ils se multiplient dans l’organisme, tuant parfois l’hôte, mais aussi, potentiellement, améliorant le terrain qui les a accueillis au départ, par exemple en nettoyant les débris toxiques accumulés grâce à l’évacuation de mucus, ou (métaphoriquement parlant) en les brûlant par la fièvre. Appelée depuis lontemps « théorie du terrain », cette alternative affirme que les microbes sont davantage des symptômes que des causes de maladie. Pour reprendre un mème connu : « Votre poisson est malade. Théorie microbienne : isoler le poisson. Théorie du terrain : nettoyer le bocal. »

La culture moderne de la santé souffre d’une forme de schizophrénie. D’une part, on a un mouvement de bien-être en plein essor qui embrasse la médecine alternative et holistique. Il prône les herbes, la méditation et le yoga pour renforcer l’immunité. Il confirme les dimensions émotionnelles et spirituelles de la santé, telles que le pouvoir de l’état d’esprit et des croyances sur la maladie et la guérison. Et tout cela semble avoir disparu sous le tsunami du coronavirus pendant que la société s’en remet de nouveau à l’ancienne orthodoxie.

En voici une illustration parfaite : les acupuncteurs californiens ont été contraints de fermer boutique, ayant été jugés « non essentiels ». Cela est parfaitement compréhensible du point de vue de la virologie conventionnelle. Mais comme l’a fait remarquer un acupuncteur sur Facebook : « Et le patient avec qui je travaille pour lui faire arrêter les opioïdes qu’il prend pour son mal de dos ? Il va devoir recommencer à en prendre. » Selon la vision du monde de l’autorité médicale, les modalités alternatives, les interactions sociales, les cours de yoga, les suppléments alimentaires, etc. sont frivoles lorsqu’il s’agit de maladies réelles causées par de vrais virus. Face à la crise, ils sont relégués au domaine éthérique du « bien-être ». La résurgence de l’orthodoxie dans le contexte du coronavirus est si intense que tout ce qui est à peine non conventionnel, comme l’administration de vitamine C par voie intraveineuse, était jusqu’à il y a deux jours complètement hors de question aux États-Unis (les articles abondent encore pour « démystifier » le soit-disant « mythe » selon lequel la vitamine C peut aider à combattre le coronavirus). Je n’ai pas non plus entendu le CDC évangéliser les foules sur les bienfaits de l’extrait de sureau, des champignons médicinaux, de la réduction de la consommation de sucre, de la NAC (N-acétylcystéine), de l’astragale ni de la vitamine D. Ces pistes ne sont pas seulement des spéculations douteuses du domaine du « bien-être », mais sont étayées par des recherches approfondies et des explications physiologiques. Par exemple, il a été démontré que la NAC (lire ici des informations générales, et ici pour une étude en double aveugle contre placebo) réduit radicalement l’incidence et la gravité des symptômes des maladies grippales.

Comme l’indiquent les statistiques que j’ai présentées précédemment sur les maladies auto-immunes, l’obésité, etc., l’Amérique et tout le monde moderne sont confrontés à une crise sanitaire. La réponse est-elle de poursuivre ce que nous avons fait, mais de manière encore plus poussée ? Jusqu’à présent, la réponse au coronavirus a été de mettre les bouchées doubles sur l’orthodoxie et de balayer les pratiques non conventionnelles et les points de vue dissidents. Une autre réponse serait d’élargir notre perspective et d’examiner l’ensemble du système, y compris qui paie pour tout cela, comment l’accès aux soins est accordé et comment la recherche est financée, mais aussi de l’élargir pour inclure des domaines marginaux comme la phytothérapie, la médecine fonctionnelle et la médecine énergétique. Nous pouvons peut-être profiter de cette occasion pour réévaluer les théories dominantes sur la maladie, la santé et le corps. Bien sûr, pour l’instant, protégeons les poissons malades du mieux possible, mais peut-être que la prochaine fois on n’aura pas besoin d’isoler et de donner des médicaments à autant de poissons, si l’on est capable de nettoyer le bocal.

Je ne vous dis pas de courir acheter de la NAC ou tout autre complément, ni que la société doit brusquement changer de manière de réagir, cesser immédiatement la distanciation sociale et prendre des compléments à la place. Mais on peut profiter de cette pause dans la normalité, de cette pause à la croisée des chemins, pour choisir consciemment la voie que nous allons suivre pour aller de l’avant : quel type de système de santé, quel paradigme de santé, quel type de société. Cette réévaluation est déjà en cours ; par exemple des idées comme la gratuité universelle des soins de santé aux États-Unis prennent un nouvel essor. Et ce chemin-là mène aussi à des bifurcations. Quels types de soins deviendront universels ? Seront-ils accessibles à tous, ou bien obligatoires pour tous, chaque citoyen devenant un patient, peut-être avec un code barre tatoué à l’encre invisible certifiant qu’il est à jour de tous ses vaccins et examens obligatoires. Vous aurez alors le droit d’aller à l’école, de prendre l’avion ou d’entrer dans un restaurant. C’est un des chemins ouverts vers l’avenir.

Une autre option est également disponible dès maintenant. Au lieu de mettre les bouchées double sur le contrôle, nous pourrions enfin adopter les paradigmes et les pratiques holistiques qui attendaient à la marge, qui attendaient que le cœur du système se dissolve afin que, humblement, nous puissions les amener au centre et construire autour d’eux un tout nouveau système.

 

Le couronnement

Il existe une alternative au paradis du contrôle absolu après lequel notre civilisation a couru si longtemps, et qui s’éloigne à la même vitesse que l’avancée du progrès, tel un mirage à l’horizon. Bien sûr, on peut continuer comme avant sur la voie vers toujours plus d’isolement, de domination et de séparation. On peut rendre normaux des niveaux de séparation et de contrôle accrus, croire qu’ils sont indispensables pour assurer notre sécurité et accepter un monde dans lequel nous avons peur d’être proches les uns des autres. Ou bien on peut profiter de cette pause, de cette rupture dans la normalité, pour nous tourner vers un chemin de réunion, d’holisme, un chemin de rétablissement des connexions perdues, de réparation des communautés et de réunification à la toile du vivant.

Allons-nous redoubler la protection du moi séparé, ou allons-nous accepter l’invitation dans un monde où nous sommes tous dans le même bateau ? Cette question ne se pose pas seulement en médecine, mais aussi sur le plan politique, sur le plan économique et dans notre vie personnelle. Prenons par exemple la question de la pulsion à se constituer des réserves, qui incarne l’idée : « Il n’y en aura pas assez pour tout le monde, donc je vais m’assurer qu’il y en aura assez pour moi. » Une autre réponse pourrait être : « Certains n’en ont pas assez, donc je vais partager ce que j’ai avec eux. » Allons-nous être des survivalistes ou plutôt des personnes qui portent secours aux autres ? À quoi sert la vie ?

À plus grande échelle, les gens se posent des questions qui, jusqu’à présent, rodaient seulement dans les marges activistes. Que faire pour les sans-abris ? Que faire pour les personnes en prison ? Pour celles qui sont dans les bidonvilles du Tiers-Monde ? Que faire pour les chômeurs ? Que faire pour toutes les femmes de chambre d’hôtel, les chauffeurs Uber, les plombiers et les concierges, les chauffeurs de bus et les caissiers qui ne peuvent pas travailler de chez eux ? Aujourd’hui, enfin, des idées comme l’allègement de la dette étudiante et le revenu de base universel fleurissent. La question « Comment protéger les personnes vulnérables du coronavirus ? » invite à se pencher sur la question « Comment prendre soin des personnes vulnérables en général ? ».

C’est l’élan qui se manifeste en nous, indépendamment de la superficialité de nos opinions sur la gravité du coronavirus, son origine ou la meilleure politique à adopter pour y remédier. Il dit : « Prenons au sérieux l’idée de prendre soin les uns des autres ». Souvenons-nous combien nous sommes tous précieux et combien la vie est précieuse. Faisons l’inventaire de notre civilisation, déshabillons-la jusqu’au bout et voyons si nous pouvons en construire une autre plus belle.

À mesure que le coronavirus éveille notre compassion, nous sommes de plus en plus nombreux à réaliser que nous ne voulons pas revenir à une normalité qui en manque cruellement. Nous avons maintenant l’occasion de bâtir une nouvelle normalité, plus compatissante.

Les signes encourageants que c’est en train de se produire sont légion. Le gouvernement des États-Unis, qui a semblé si longtemps captif d’intérêts corporatifs cruels, a dégagé des centaines de milliards de dollars qui vont être directement versés aux ménages. Donald Trump, dont on ne peut pas dire qu’il soit un champion de la compassion, a mis en place un moratoire sur les saisies et les expulsions. On peut certes envisager ces deux développements avec cynisme ; néanmoins, ils incarnent le principe du soin aux personnes vulnérables.

Partout dans le monde, on entend des histoires de solidarité et de guérison. Un ami a raconté avoir envoyé dix fois 100 dollars à dix personnes dans le besoin qu’il ne connaissait pas. Mon fils, qui jusqu’à il y a quelques jours travaillait chez Dunkin’ Donuts, m’a raconté que les gens donnaient des pourboires cinq fois plus élevés que la normale – et c’étaient des personnes de la classe ouvrière, dont beaucoup de camionneurs hispaniques, qui sont eux-mêmes en situation d’insécurité économique. Les médecins, les infirmières et les « travailleurs essentiels » dans d’autres professions risquent leur vie pour servir les populations. Voici quelques exemples supplémentaires de cette éruption d’amour et de gentillesse, grâce à ServiceSpace :

Peut-être sommes-nous en train de vivre cette nouvelle histoire. Imaginez l’aviation italienne qui passe du Pavarotti, l’armée espagnole qui rend service et la police de rue qui joue de la guitare – pour “inspirer” les gens. Des sociétés qui donnent des augmentations de salaire inattendues. Des Canadiens qui lancent “Le colportage de gentillesse ». Le geste adorable d’une enfant de six ans en Australie qui offre l’argent qu’elle a reçu de la petite souris, un élève de 8ème année au Japon qui fabrique 612 masques, et des étudiants partout dans le monde qui achètent des provisions pour leurs aînés. Cuba envoie une armée en « robe blanche » (des médecins) pour aider l’Italie. Un propriétaire qui permet à ses locataires de rester sans payer le loyer, le poème d’un prêtre irlandais qui devient viral, des militants handicapés qui fabriquent du désinfectant pour les mains. Imaginez tout cela. Parfois, une crise reflète notre élan le plus profond, à savoir que nous pouvons toujours répondre avec compassion.

Comme le décrit Rebecca Solnit dans son merveilleux livre, A Paradise Built in Hell, les catastrophes libèrent souvent la solidarité. Un monde plus beau scintille juste sous la surface, remontant chaque fois que les systèmes qui le maintiennent sous l’eau relâchent leur emprise.

Pendant longtemps, en tant que collectif, nous sommes restés impuissants face à une société de plus en plus malade. Qu’il s’agisse du déclin de la santé, de la dégradation des infrastructures, de la dépression, du suicide, de la toxicomanie, de la dégradation écologique ou de la concentration des richesses, les symptômes du malaise civilisationnel dans le monde développé sautent aux yeux, mais nous sommes restés coincés dans les systèmes et les modèles qui les engendrent. Aujourd’hui, le coronavirus nous offre une remise à zéro.

Un million de bifurcations s’offrent à nous. Le revenu de base universel pourrait signifier la fin de l’insécurité économique et l’épanouissement de la créativité, car des millions de personnes seront libérées d’un travail dont le coronavirus nous a montré qu’il était moins indispensable qu’on le pensait. Ou il pourrait signifier, avec la décimation des petites entreprises, une future dépendance envers l’État pour une allocation assortie de conditions strictes. La crise peut inaugurer le totalitarisme ou la solidarité ; la loi martiale médicale ou une renaissance holistique ; une plus grande peur du monde microbien ou une plus grande résilience en y participant ; des normes permanentes de distanciation sociale ou un désir renouvelé de se rassembler.

Qu’est-ce qui peut nous guider, en tant qu’individus et en tant que société, lorsqu’on parcourt le jardin des sentiers qui bifurquent ? À chaque carrefour, nous pouvons être conscients de ce qui nous guide : la peur ou l’amour, l’auto-préservation ou la générosité. Allons-nous vivre dans la peur et construire une société basée sur elle ? Allons-nous vivre seulement avec l’objectif de préserver nos moi séparés ? Allons-nous nous servir de la crise comme arme contre nos ennemis politiques ? Ce ne sont pas des questions « tout ou rien », dont la réponse est le tout amour ou la toute peur. Mais une nouvelle étape vers l’amour se trouve juste devant nous. Cela peut sembler audacieux, mais ce n’est pas téméraire. C’est un mouvement qui chérit la vie, tout en acceptant la mort. Et qui a confiance qu’à chaque pas, le prochain se révèlera.

Ne croyez pas que préférer l’amour à la peur puisse s’accomplir uniquement par un acte de volonté, ni que la peur puisse se vaincre comme un virus. Le virus auquel nous sommes confrontés ici est la peur, qu’il s’agisse de la peur du coronavirus, ou de la peur de la réponse totalitaire à celle-ci, et ce virus-là a aussi son propre terrain. La peur, ainsi que la dépendance, la dépression et toute une série de maux physiques, s’épanouit sur un terrain de séparation et de traumatisme : traumatisme héréditaire, traumatisme de l’enfance, violence, guerre, abus, négligence, honte, punition, pauvreté et le traumatisme muet et normalisé qui touche presque tous ceux qui vivent dans une économie monétisée, qui suivent une scolarité moderne ou vivent sans communauté ni connexion avec un lieu. Ce terrain peut être changé, par la guérison des traumatismes au niveau individuel, par un changement systémique vers une société plus compatissante, et par la transformation du récit fondamental de la séparation dans lequel le moi est une entité séparée dans un monde fait d’Autres, moi séparé de toi, l’humanité séparée de la nature. Être seul est une peur primordiale, et la société moderne nous a rendus de plus en plus seuls. Mais aujourd’hui le temps de la Réunion est venu. Tout acte de compassion, de bonté, de courage ou de générosité nous guérit de l’histoire de la séparation, car il affirme à la fois à son acteur et à son témoin que nous ne faisons qu’un dans ce que nous vivons.

Je conclurai en invoquant une autre dimension de la relation entre les humains et les virus. Les virus font partie intégrante de l’évolution, non seulement des humains, mais de tous les eucaryotes. Les virus peuvent transférer de l’ADN d’un organisme à un autre, parfois en l’insérant dans la lignée germinale (où il devient héréditaire). Connu sous le nom de transfert horizontal de gènes, il s’agit d’un mécanisme fondamental de l’évolution, permettant à la vie d’évoluer beaucoup plus rapidement qu’il n’est possible par mutation aléatoire. Comme Lynn Margulis l’a dit, nous sommes nos virus.

Et maintenant, laissez-moi m’aventurer en territoire spéculatif. Les grandes maladies de la civilisation ont peut-être accéléré notre évolution biologique et culturelle, en nous conférant des informations génétiques essentielles et en permettant une initiation individuelle et collective. Se pourrait-il que la pandémie actuelle soit précisément cela ? De nouveaux codes ARN se répandent d’être humain à être humain, nous imprégnant de nouvelles informations génétiques ; au même moment, nous recevons d’autres « codes » ésotériques cachés derrière les codes biologiques, qui perturbent nos récits et nos systèmes de la même manière qu’une maladie perturbe la physiologie du corps. Le phénomène suit le modèle de l’initiation : séparation de la normalité, suivie d’un dilemme, d’une rupture ou d’une épreuve, puis (s’il doit aboutir) d’une réintégration et d’une célébration.

La question se pose à présent : une initiation à quoi ? Quelle est la nature et le but de cette initiation ? Le nom populaire de la pandémie offre un indice : le coronavirus. « Corona » veut dire couronne. « Nouvelle pandémie de coronavirus » signifie « Un nouveau couronnement pour tous ».

Nous sentons déjà la puissance de ce que nous pourrions devenir. Un vrai souverain ne craint ni la vie ni la mort. Un vrai souverain ne domine pas et ne conquiert pas (ça, c’est un archétype de l’ombre, le Tyran). Le vrai souverain sert le peuple, sert la vie et respecte la souveraineté de tous les peuples. Le couronnement marque l’émergence de l’inconscient à la conscience, la cristallisation du chaos en ordre, la transformation de la contrainte en choix. Nous devenons les souverains de ce qui nous avait gouvernés. Le Nouvel Ordre Mondial que craignent les théoriciens du complot est l’ombre de la glorieuse possibilité offerte aux êtres souverains. Nous ne sommes plus les vassaux de la peur, nous pouvons apporter l’ordre dans le royaume et construire une société d’intention basée sur l’amour qui brille déjà au travers des fissures du monde de la séparation.



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Reader Interactions

Comments

  1. Isabelle says

    April 2, 2020 at 9:53 am

    Merci immensément pour la traduction !
    Article brillant, à partager partout. Nous avons le temps de le lire… 😉

  2. X says

    April 2, 2020 at 7:12 pm

    chiant à lire, j’ai pas pu…

    Que les moutons restent en confinement, ça me fera plus de place dans la rue.

  3. Marie says

    April 5, 2020 at 4:43 am

    Merci beaucoup pour la traduction.
    Texte très inspirant, qui rejoint beaucoup de mes intuitions. Merci 🙂

  4. Kaanchi Shanti says

    April 6, 2020 at 9:39 am

    Merci pour ce texte.
    Ce pamphlet doit immédiatement courir le Monde, atteindre chacune et chacun.

    Qu’un nouveau paradigme de conscience s’installe !

  5. MB says

    April 7, 2020 at 7:42 am

    Oui, l’amour, la convivialité et la solidarité gagneront sur la peur car c’est la peur qui a fait du monde ce qu’il est aujourd’hui et seul l’amour pourra le réveiller et lui redonner le goût de la vie.

  6. Veronique says

    April 29, 2020 at 11:36 pm

    Tout est dit, toutes et tous nous sommes consternés, mais… Qui combien sommes, serions, nous à ramer ensemble, pour celles et ceux qui ne voient pas le danger, pour sauver ce qui peut encore l être, pour relever enfin la tête et oser faire face à un horizon… À la beauté de ce que nous méritons, terons… si et seulement si…. Enfin un début éthique, propre, honnête se construit… Maintenant, aujourd’hui oui tout de suite, ne pas attendre le vaccin, le redressement, le retour en arrière, les vaines résolutions.. Tout de suite agir en chœur, cœur, et en pensées positives collectives !!!!

  7. Françoise LE POINTER says

    May 11, 2020 at 4:54 am

    Tout à fait d’accord. Mais je suis bien la seule dans ce cas !

  8. Perepeinard says

    May 27, 2020 at 11:07 am

    Merci pour le verbiage de Eisen stein dans mon jardin.
    Un complotiste de plus. DE TROP !

  9. Nacho says

    September 28, 2020 at 10:13 am

    Merci à Mr Eisenstein pour cet opus plein de bon sens, et de choix. Merci Mme Souliez pour votre traduction.

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The Humbler Realms

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Bending Reality: But who is the Bender?

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The Little Things that Get Under My Skin

A Restorative Response to MH17

Climate Change: The Bigger Picture

Development in the Ecological Age

The campaign against Drax aims to reveal the perverse effects of biofuels

Gateway drug, to what?

Concern about Overpopulation is a Red Herring; Consumption’s the Problem

Imperialism and Ceremony in Bali

Let’s be Honest: Real Sustainability may not make Business Sense

Vivienne Westwood is Right: We Need a Law against Ecocide

2013: Hope or Despair?

2013: A Year that Pierced Me

Synchronicity, Myth, and the New World Order

Fear of a Living Planet

Pyramid Schemes and the Monetization of Everything

The Next Step for Digital Currency

The Cycle of Terror

TED: A Choice Point

The Cynic and the Boatbuilder

Latent Healing

2013: The Space between Stories

We Are Unlimited Potential: A Talk with Joseph Chilton Pearce

Why Occupy’s plan to cancel consumer debts is money well spent

Genetically Modifying and Patenting Seeds isn’t the Answer

The Lovely Lady from Nestle

An Alien at the Tech Conference

We Can’t Grow Ourselves out of Debt

Money and the Divine Masculine

Naivete, and the Light in their Eyes

The Healing of Congo

Why Rio +20 Failed

Permaculture and the Myth of Scarcity

For Facebook, A Modest Proposal

A Coal Pile in the Ballroom

A Review of Graeber’s Debt: The First 5000 Years

Gift Economics Resurgent

The Way up is Down

Sacred Economics: Money, the Gift, and Society in the Age of Transition

Design and Strategy Principles for Local Currency

The Lost Marble

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Thrive: The Story is Wrong but the Spirit is Right

Occupy Wall Street: No Demand is Big Enough

Elephants: Please Don’t Go

Why the Age of the Guru is Over

Gift Economics and Reunion in the Digital Age

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A World-Creating Matrix of Truth

Waiting on the Big One

In the Miracle

Money and the Crisis of Civilization

Reuniting the Self: Autoimmunity, Obesity, and the Ecology of Health

Invisible Paths

Reuniting the Self: Autoimmunity, Obesity, and the Ecology of Health (Part 2)

Mutiny of the Soul

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Money: A New Beginning (Part 2)

Money: A New Beginning (Part 1)

The Original Religion

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The Miracle of Self-Creation, Part 2

The Miracle of Self-Creation

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From Opinion to Belief to Knowing

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Charles Eisenstein

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The Coronation

For years, normality has been stretched nearly to its breaking point, a rope pulled tighter and tighter, waiting for a nip of the black swan’s beak to snap it in two. Now that the rope has snapped, do we tie its ends back together, or shall we undo its dangling braids still further, to see what we might weave from them?

Covid-19 is showing us that when humanity is united in common cause, phenomenally rapid change is possible. None of the world’s problems are technically difficult to solve; they originate in human disagreement. In coherency, humanity’s creative powers are boundless. A few months ago, a proposal to halt commercial air travel would have seemed preposterous. Likewise for the radical changes we are making in our social behavior, economy, and the role of government in our lives. Covid demonstrates the power of our collective will when we agree on what is important. What else might we achieve, in coherency? What do we want to achieve, and what world shall we create? That is always the next question when anyone awakens to their power.

Covid-19 is like a rehab intervention that breaks the addictive hold of normality. To interrupt a habit is to make it visible; it is to turn it from a compulsion to a choice. When the crisis subsides, we might have occasion to ask whether we want to return to normal, or whether there might be something we’ve seen during this break in the routines that we want to bring into the future. We might ask, after so many have lost their jobs, whether all of them are the jobs the world most needs, and whether our labor and creativity would be better applied elsewhere. We might ask, having done without it for a while, whether we really need so much air travel, Disneyworld vacations, or trade shows. What parts of the economy will we want to restore, and what parts might we choose to let go of? And on a darker note, what among the things that are being taken away right now – civil liberties, freedom of assembly, sovereignty over our bodies, in-person gatherings, hugs, handshakes, and public life – might we need to exert intentional political and personal will to restore?

For most of my life, I have had the feeling that humanity was nearing a crossroads. Always, the crisis, the collapse, the break was imminent, just around the bend, but it didn’t come and it didn’t come. Imagine walking a road, and up ahead you see it, you see the crossroads. It’s just over the hill, around the bend, past the woods. Cresting the hill, you see you were mistaken, it was a mirage, it was farther away than you thought. You keep walking. Sometimes it comes into view, sometimes it disappears from sight and it seems like this road goes on forever. Maybe there isn’t a crossroads. No, there it is again! Always it is almost here. Never is it here.

Now, all of a sudden, we go around a bend and here it is. We stop, hardly able to believe that now it is happening, hardly able to believe, after years of confinement to the road of our predecessors, that now we finally have a choice. We are right to stop, stunned at the newness of our situation. Because of the hundred paths that radiate out in front of us, some lead in the same direction we’ve already been headed. Some lead to hell on earth. And some lead to a world more healed and more beautiful than we ever dared believe to be possible.

I write these words with the aim of standing here with you – bewildered, scared maybe, yet also with a sense of new possibility – at this point of diverging paths. Let us gaze down some of them and see where they lead.

* * *

I heard this story last week from a friend. She was in a grocery store and saw a woman sobbing in the aisle. Flouting social distancing rules, she went to the woman and gave her a hug. “Thank you,” the woman said, “that is the first time anyone has hugged me for ten days.”

Going without hugs for a few weeks seems a small price to pay if it will stem an epidemic that could take millions of lives. There is a strong argument for social distancing in the near term: to prevent a sudden surge of Covid cases from overwhelming the medical system. I would like to put that argument in a larger context, especially as we look to the long term. Lest we institutionalize distancing and reengineer society around it, let us be aware of what choice we are making and why.

The same goes for the other changes happening around the coronavirus epidemic. Some commentators have observed how it plays neatly into an agenda of totalitarian control. A frightened public accepts abridgments of civil liberties that are otherwise hard to justify, such as the tracking of everyone’s movements at all times, forcible medical treatment, involuntary quarantine, restrictions on travel and the freedom of assembly, censorship of what the authorities deem to be disinformation, suspension of habeas corpus, and military policing of civilians. Many of these were underway before Covid-19; since its advent, they have been irresistible. The same goes for the automation of commerce; the transition from participation in sports and entertainment to remote viewing; the migration of life from public to private spaces; the transition away from place-based schools toward online education, the decline of brick-and-mortar stores, and the movement of human work and leisure onto screens. Covid-19 is accelerating preexisting trends, political, economic, and social.

While all the above are, in the short term, justified on the grounds of flattening the curve (the epidemiological growth curve), we are also hearing a lot about a “new normal”; that is to say, the changes may not be temporary at all. Since the threat of infectious disease, like the threat of terrorism, never goes away, control measures can easily become permanent. If we were going in this direction anyway, the current justification must be part of a deeper impulse. I will analyze this impulse in two parts: the reflex of control, and the war on death. Thus understood, an initiatory opportunity emerges, one that we are seeing already in the form of the solidarity, compassion, and care that Covid-19 has inspired.

The Reflex of Control

At the current writing, official statistics say that about 25,000 people have died from Covid-19. By the time it runs its course, the death toll could be ten times or a hundred times bigger, or even, if the most alarming guesses are right, a thousand times bigger. Each one of these people has loved ones, family and friends. Compassion and conscience call us to do what we can to avert unnecessary tragedy. This is personal for me: my own infinitely dear but frail mother is among the most vulnerable to a disease that kills mostly the aged and the infirm.

What will the final numbers be? That question is impossible to answer at the time of this writing. Early reports were alarming; for weeks the official number from Wuhan, circulated endlessly in the media, was a shocking 3.4%. That, coupled with its highly contagious nature, pointed to tens of millions of deaths worldwide, or even as many as 100 million. More recently, estimates have plunged as it has become apparent that most cases are mild or asymptomatic. Since testing has been skewed towards the seriously ill, the death rate has looked artificially high. In South Korea, where hundreds of thousands of people with mild symptoms have been tested, the reported case fatality rate is around 1%. In Germany, whose testing also extends to many with mild symptoms, the fatality rate is 0.4%. A recent paper in the journal Science argues that 86% of infections have been undocumented, which points to a much lower mortality rate than the current case fatality rate would indicate.

The story of the Diamond Princess cruise ship bolsters this view. Of the 3,711 people on board, about 20% have tested positive for the virus; less than half of those had symptoms, and eight have died. A cruise ship is a perfect setting for contagion, and there was plenty of time for the virus to spread on board before anyone did anything about it, yet only a fifth were infected. Furthermore, the cruise ship’s population was heavily skewed (as are most cruise ships) toward the elderly: nearly a third of the passengers were over age 70, and more than half were over age 60. A research team concluded from the large number of asymptomatic cases that the true fatality rate in China is around 0.5%. That is still five times higher than flu. Based on the above (and adjusting for much younger demographics in Africa and South and Southeast Asia) my guess is about 200,000-300,000 deaths in the US – more if the medical system is overwhelmed, less if infections are spread out over time – and 3 million globally. Those are serious numbers. Not since the Hong Kong Flu pandemic of 1968/9 has the world experienced anything like it.

My guesses could easily be off by an order of magnitude. Every day the media reports the total number of Covid-19 cases, but no one has any idea what the true number is, because only a tiny proportion of the population has been tested. If tens of millions have the virus, asymptomatically, we would not know it. Further complicating the matter is the high rate of false positives for existing testing, possibly as high as 80%. (And see here for even more alarming uncertainties about test accuracy.) Let me repeat: no one knows what is really happening, including me. Let us be aware of two contradictory tendencies in human affairs. The first is the tendency for hysteria to feed on itself, to exclude data points that don’t play into the fear, and to create the world in its image. The second is denial, the irrational rejection of information that might disrupt normalcy and comfort. As Daniel Schmactenberger asks, How do you know what you believe is true?

In the face of the uncertainty, I’d like to make a prediction: The crisis will play out so that we never will know. If the final death tally, which will itself be the subject of dispute, is lower than feared, some will say that is because the controls worked. Others will say it is because the disease wasn’t as dangerous as we were told.

To me, the most baffling puzzle is why at the present writing there seem to be no new cases in China. The government didn’t initiate its lockdown until well after the virus was established. It should have spread widely during Chinese New Year, when every plane, train, and bus is packed with people traveling all over the country. What is going on here? Again, I don’t know, and neither do you.

Whether the final global death toll is 50,000 or 500,000 or 5 million, let’s look at some other numbers to get some perspective. My point is NOT that Covid isn’t so bad and we shouldn’t do anything. Bear with me. Last year, according to the FAO, five million children worldwide died of hunger (among 162 million who are stunted and 51 million who are wasted). That is 200 times more people than have died so far from Covid-19, yet no government has declared a state of emergency or asked that we radically alter our way of life to save them. Nor do we see a comparable level of alarm and action around suicide – the mere tip of an iceberg of despair and depression – which kills over a million people a year globally and 50,000 in the USA. Or drug overdoses, which kill 70,000 in the USA, the autoimmunity epidemic, which affects 23.5 million (NIH figure) to 50 million (AARDA), or obesity, which afflicts well over 100 million. Why, for that matter, are we not in a frenzy about averting nuclear armageddon or ecological collapse, but, to the contrary, pursue choices that magnify those very dangers?

Please, the point here is not that we haven’t changed our ways to stop children from starving, so we shouldn’t change them for Covid either. It is the contrary: If we can change so radically for Covid-19, we can do it for these other conditions too. Let us ask why are we able to unify our collective will to stem this virus, but not to address other grave threats to humanity. Why, until now, has society been so frozen in its existing trajectory?

The answer is revealing. Simply, in the face of world hunger, addiction, autoimmunity, suicide, or ecological collapse, we as a society do not know what to do. Our go-to crisis responses, all of which are some version of control, aren’t very effective in addressing these conditions. Now along comes a contagious epidemic, and finally we can spring into action. It is a crisis for which control works: quarantines, lockdowns, isolation, hand-washing; control of movement, control of information, control of our bodies. That makes Covid a convenient receptacle for our inchoate fears, a place to channel our growing sense of helplessness in the face of the changes overtaking the world. Covid-19 is a threat that we know how to meet. Unlike so many of our other fears, Covid-19 offers a plan.

Our civilization’s established institutions are increasingly helpless to meet the challenges of our time. How they welcome a challenge that they finally can meet. How eager they are to embrace it as a paramount crisis. How naturally their systems of information management select for the most alarming portrayals of it. How easily the public joins the panic, embracing a threat that the authorities can handle as a proxy for the various unspeakable threats that they cannot.

Today, most of our challenges no longer succumb to force. Our antibiotics and surgery fail to meet the surging health crises of autoimmunity, addiction, and obesity. Our guns and bombs, built to conquer armies, are useless to erase hatred abroad or keep domestic violence out of our homes. Our police and prisons cannot heal the breeding conditions of crime. Our pesticides cannot restore ruined soil. Covid-19 recalls the good old days when the challenges of infectious diseases succumbed to modern medicine and hygiene, at the same time as the Nazis succumbed to the war machine, and nature itself succumbed, or so it seemed, to technological conquest and improvement. It recalls the days when our weapons worked and the world seemed indeed to be improving with each technology of control.

What kind of problem succumbs to domination and control? The kind caused by something from the outside, something Other. When the cause of the problem is something intimate to ourselves, like homelessness or inequality, addiction or obesity, there is nothing to war against. We may try to install an enemy, blaming, for example, the billionaires, Vladimir Putin, or the Devil, but then we miss key information, such as the ground conditions that allow billionaires (or viruses) to replicate in the first place.

If there is one thing our civilization is good at, it is fighting an enemy. We welcome opportunities to do what we are good at, which prove the validity of our technologies, systems, and worldview. And so, we manufacture enemies, cast problems like crime, terrorism, and disease into us-versus-them terms, and mobilize our collective energies toward those endeavors that can be seen that way. Thus, we single out Covid-19 as a call to arms, reorganizing society as if for a war effort, while treating as normal the possibility of nuclear armageddon, ecological collapse, and five million children starving.

The Conspiracy Narrative

Because Covid-19 seems to justify so many items on the totalitarian wish list, there are those who believe it to be a deliberate power play. It is not my purpose to advance that theory nor to debunk it, although I will offer some meta-level comments. First a brief overview.

The theories (there are many variants) talk about Event 201 (sponsored by the Gates Foundation, CIA, etc. last September), and a 2010 Rockefeller Foundation white paper detailing a scenario called “Lockstep,” both of which lay out the authoritarian response to a hypothetical pandemic. They observe that the infrastructure, technology, and legislative framework for martial law has been in preparation for many years. All that was needed, they say, was a way to make the public embrace it, and now that has come. Whether or not current controls are permanent, a precedent is being set for:

  • • The tracking of people’s movements at all times (because coronavirus)
  • • The suspension of freedom of assembly (because coronavirus)
  • • The military policing of civilians (because coronavirus)
  • • Extrajudicial, indefinite detention (quarantine, because coronavirus)
  • • The banning of cash (because coronavirus)
  • • Censorship of the Internet (to combat disinformation, because coronavirus)
  • • Compulsory vaccination and other medical treatment, establishing the state’s sovereignty over our bodies (because coronavirus)
  • • The classification of all activities and destinations into the expressly permitted and the expressly forbidden (you can leave your house for this, but not that), eliminating the un-policed, non-juridical gray zone. That totality is the very essence of totalitarianism. Necessary now though, because, well, coronavirus.

This is juicy material for conspiracy theories. For all I know, one of those theories could be true; however, the same progression of events could unfold from an unconscious systemic tilt toward ever-increasing control. Where does this tilt come from? It is woven into civilization’s DNA. For millennia, civilization (as opposed to small-scale traditional cultures) has understood progress as a matter of extending control onto the world: domesticating the wild, conquering the barbarians, mastering the forces of nature, and ordering society according to law and reason. The ascent of control accelerated with the Scientific Revolution, which launched “progress” to new heights: the ordering of reality into objective categories and quantities, and the mastering of materiality with technology. Finally, the social sciences promised to use the same means and methods to fulfill the ambition (which goes back to Plato and Confucius) to engineer a perfect society.

Those who administer civilization will therefore welcome any opportunity to strengthen their control, for after all, it is in service to a grand vision of human destiny: the perfectly ordered world, in which disease, crime, poverty, and perhaps suffering itself can be engineered out of existence. No nefarious motives are necessary. Of course they would like to keep track of everyone – all the better to ensure the common good. For them, Covid-19 shows how necessary that is. “Can we afford democratic freedoms in light of the coronavirus?” they ask. “Must we now, out of necessity, sacrifice those for our own safety?” It is a familiar refrain, for it has accompanied other crises in the past, like 9/11.

To rework a common metaphor, imagine a man with a hammer, stalking around looking for a reason to use it. Suddenly he sees a nail sticking out. He’s been looking for a nail for a long time, pounding on screws and bolts and not accomplishing much. He inhabits a worldview in which hammers are the best tools, and the world can be made better by pounding in the nails. And here is a nail! We might suspect that in his eagerness he has placed the nail there himself, but it hardly matters. Maybe it isn’t even a nail that’s sticking out, but it resembles one enough to start pounding. When the tool is at the ready, an opportunity will arise to use it.

And I will add, for those inclined to doubt the authorities, maybe this time it really is a nail. In that case, the hammer is the right tool – and the principle of the hammer will emerge the stronger, ready for the screw, the button, the clip, and the tear.

Either way, the problem we deal with here is much deeper than that of overthrowing an evil coterie of Illuminati. Even if they do exist, given the tilt of civilization, the same trend would persist without them, or a new Illuminati would arise to assume the functions of the old.

True or false, the idea that the epidemic is some monstrous plot perpetrated by evildoers upon the public is not so far from the mindset of find-the-pathogen. It is a crusading mentality, a war mentality. It locates the source of a sociopolitical illness in a pathogen against which we may then fight, a victimizer separate from ourselves. It risks ignoring the conditions that make society fertile ground for the plot to take hold. Whether that ground was sown deliberately or by the wind is, for me, a secondary question.

What I will say next is relevant whether or not SARS-CoV2 is a genetically engineered bioweapon, is related to 5G rollout, is being used to prevent “disclosure,” is a Trojan horse for totalitarian world government, is more deadly than we’ve been told, is less deadly than we’ve been told, originated in a Wuhan biolab, originated at Fort Detrick, or is exactly as the CDC and WHO have been telling us. It applies even if everyone is totally wrong about the role of the SARS-CoV-2 virus in the current epidemic. I have my opinions, but if there is one thing I have learned through the course of this emergency is that I don’t really know what is happening. I don’t see how anyone can, amidst the seething farrago of news, fake news, rumors, suppressed information, conspiracy theories, propaganda, and politicized narratives that fill the Internet. I wish a lot more people would embrace not knowing. I say that both to those who embrace the dominant narrative, as well as to those who hew to dissenting ones. What information might we be blocking out, in order to maintain the integrity of our viewpoints? Let’s be humble in our beliefs: it is a matter of life and death.

The War on Death

My 7-year-old son hasn’t seen or played with another child for two weeks. Millions of others are in the same boat. Most would agree that a month without social interaction for all those children a reasonable sacrifice to save a million lives. But how about to save 100,000 lives? And what if the sacrifice is not for a month but for a year? Five years? Different people will have different opinions on that, according to their underlying values.

Let’s replace the foregoing questions with something more personal, that pierces the inhuman utilitarian thinking that turns people into statistics and sacrifices some of them for something else. The relevant question for me is, Would I ask all the nation’s children to forego play for a season, if it would reduce my mother’s risk of dying, or for that matter, my own risk? Or I might ask, Would I decree the end of human hugging and handshakes, if it would save my own life? This is not to devalue Mom’s life or my own, both of which are precious. I am grateful for every day she is still with us. But these questions bring up deep issues. What is the right way to live? What is the right way to die?

The answer to such questions, whether asked on behalf of oneself or on behalf of society at large, depends on how we hold death and how much we value play, touch, and togetherness, along with civil liberties and personal freedom. There is no easy formula to balance these values.

Over my lifetime I’ve seen society place more and more emphasis on safety, security, and risk reduction. It has especially impacted childhood: as a young boy it was normal for us to roam a mile from home unsupervised – behavior that would earn parents a visit from Child Protective Services today. It also manifests in the form of latex gloves for more and more professions; hand sanitizer everywhere; locked, guarded, and surveilled school buildings; intensified airport and border security; heightened awareness of legal liability and liability insurance; metal detectors and searches before entering many sports arenas and public buildings, and so on. Writ large, it takes the form of the security state.

The mantra “safety first” comes from a value system that makes survival top priority, and that depreciates other values like fun, adventure, play, and the challenging of limits. Other cultures had different priorities. For instance, many traditional and indigenous cultures are much less protective of children, as documented in Jean Liedloff’s classic, The Continuum Concept. They allow them risks and responsibilities that would seem insane to most modern people, believing that this is necessary for children to develop self-reliance and good judgement. I think most modern people, especially younger people, retain some of this inherent willingness to sacrifice safety in order to live life fully. The surrounding culture, however, lobbies us relentlessly to live in fear, and has constructed systems that embody fear. In them, staying safe is over-ridingly important. Thus we have a medical system in which most decisions are based on calculations of risk, and in which the worst possible outcome, marking the physician’s ultimate failure, is death. Yet all the while, we know that death awaits us regardless. A life saved actually means a death postponed.

The ultimate fulfillment of civilization’s program of control would be to triumph over death itself. Failing that, modern society settles for a facsimile of that triumph: denial rather than conquest. Ours is a society of death denial, from its hiding away of corpses, to its fetish for youthfulness, to its warehousing of old people in nursing homes. Even its obsession with money and property – extensions of the self, as the word “mine” indicates – expresses the delusion that the impermanent self can be made permanent through its attachments. All this is inevitable given the story-of-self that modernity offers: the separate individual in a world of Other. Surrounded by genetic, social, and economic competitors, that self must protect and dominate in order to thrive. It must do everything it can to forestall death, which (in the story of separation) is total annihilation. Biological science has even taught us that our very nature is to maximize our chances of surviving and reproducing.

I asked a friend, a medical doctor who has spent time with the Q’ero on Peru, whether the Q’ero would (if they could) intubate someone to prolong their life. “Of course not,” she said. “They would summon the shaman to help him die well.” Dying well (which isn’t necessarily the same as dying painlessly) is not much in today’s medical vocabulary. No hospital records are kept on whether patients die well. That would not be counted as a positive outcome. In the world of the separate self, death is the ultimate catastrophe.

But is it? Consider this perspective from Dr. Lissa Rankin: “Not all of us would want to be in an ICU, isolated from loved ones with a machine breathing for us, at risk of dying alone- even if it means they might increase their chance of survival. Some of us might rather be held in the arms of loved ones at home, even if that means our time has come…. Remember, death is no ending. Death is going home.”

When the self is understood as relational, interdependent, even inter-existent, then it bleeds over into the other, and the other bleeds over into the self. Understanding the self as a locus of consciousness in a matrix of relationship, one no longer searches for an enemy as the key to understanding every problem, but looks instead for imbalances in relationships. The War on Death gives way to the quest to live well and fully, and we see that fear of death is actually fear of life. How much of life will we forego to stay safe?

Totalitarianism – the perfection of control – is the inevitable end product of the mythology of the separate self. What else but a threat to life, like a war, would merit total control? Thus Orwell identified perpetual war as a crucial component of the Party’s rule.

Against the backdrop of the program of control, death denial, and the separate self, the assumption that public policy should seek to minimize the number of deaths is nearly beyond question, a goal to which other values like play, freedom, etc. are subordinate. Covid-19 offers occasion to broaden that view. Yes, let us hold life sacred, more sacred than ever. Death teaches us that. Let us hold each person, young or old, sick or well, as the sacred, precious, beloved being that they are. And in the circle of our hearts, let us make room for other sacred values too. To hold life sacred is not just to live long, it is to live well and right and fully.

Like all fear, the fear around the coronavirus hints at what might lie beyond it. Anyone who has experienced the passing of someone close knows that death is a portal to love. Covid-19 has elevated death to prominence in the consciousness of a society that denies it. On the other side of the fear, we can see the love that death liberates. Let it pour forth. Let it saturate the soil of our culture and fill its aquifers so that it seeps up through the cracks of our crusted institutions, our systems, and our habits. Some of these may die too.

What world shall we live in?

How much of life do we want to sacrifice at the altar of security? If it keeps us safer, do we want to live in a world where human beings never congregate? Do we want to wear masks in public all the time? Do we want to be medically examined every time we travel, if that will save some number of lives a year? Are we willing to accept the medicalization of life in general, handing over final sovereignty over our bodies to medical authorities (as selected by political ones)? Do we want every event to be a virtual event? How much are we willing to live in fear?

Covid-19 will eventually subside, but the threat of infectious disease is permanent. Our response to it sets a course for the future. Public life, communal life, the life of shared physicality has been dwindling over several generations. Instead of shopping at stores, we get things delivered to our homes. Instead of packs of kids playing outside, we have play dates and digital adventures. Instead of the public square, we have the online forum. Do we want to continue to insulate ourselves still further from each other and the world?

It is not hard to imagine, especially if social distancing is successful, that Covid-19 persists beyond the 18 months we are being told to expect for it to run its course. It is not hard to imagine that new viruses will emerge during that time. It is not hard to imagine that emergency measures will become normal (so as to forestall the possibility of another outbreak), just as the state of emergency declared after 9/11 is still in effect today. It is not hard to imagine that (as we are being told), reinfection is possible, so that the disease will never run its course. That means that the temporary changes in our way of life may become permanent.

To reduce the risk of another pandemic, shall we choose to live in a society without hugs, handshakes, and high-fives, forever more? Shall we choose to live in a society where we no longer gather en masse? Shall the concert, the sports competition, and the festival be a thing of the past? Shall children no longer play with other children? Shall all human contact be mediated by computers and masks? No more dance classes, no more karate classes, no more conferences, no more churches? Is death reduction to be the standard by which to measure progress? Does human advancement mean separation? Is this the future?

The same question applies to the administrative tools required to control the movement of people and the flow of information. At the present writing, the entire country is moving toward lockdown. In some countries, one must print out a form from a government website in order to leave the house. It reminds me of school, where one’s location must be authorized at all times. Or of prison. Do we envision a future of electronic hall passes, a system where freedom of movement is governed by state administrators and their software at all times, permanently? Where every movement is tracked, either permitted or prohibited? And, for our protection, where information that threatens our health (as decided, again, by various authorities) is censored for our own good? In the face of an emergency, like unto a state of war, we accept such restrictions and temporarily surrender our freedoms. Similar to 9/11, Covid-19 trumps all objections.

For the first time in history, the technological means exist to realize such a vision, at least in the developed world (for example, using cellphone location data to enforce social distancing; see also here). After a bumpy transition, we could live in a society where nearly all of life happens online: shopping, meeting, entertainment, socializing, working, even dating. Is that what we want? How many lives saved is that worth?

I am sure that many of the controls in effect today will be partially relaxed in a few months. Partially relaxed, but at the ready. As long as infectious disease remains with us, they are likely to be reimposed, again and again, in the future, or be self-imposed in the form of habits. As Deborah Tannen says, contributing to a Politico article on how coronavirus will change the world permanently, ‘We know now that touching things, being with other people and breathing the air in an enclosed space can be risky…. It could become second nature to recoil from shaking hands or touching our faces—and we may all fall heir to society-wide OCD, as none of us can stop washing our hands.” After thousands of years, millions of years, of touch, contact, and togetherness, is the pinnacle of human progress to be that we cease such activities because they are too risky?

Life is Community

The paradox of the program of control is that its progress rarely advances us any closer to its goal. Despite security systems in almost every upper middle-class home, people are no less anxious or insecure than they were a generation ago. Despite elaborate security measures, the schools are not seeing fewer mass shootings. Despite phenomenal progress in medical technology, people have if anything become less healthy over the past thirty years, as chronic disease has proliferated and life expectancy stagnated and, in the USA and Britain, started to decline.

The measures being instituted to control Covid-19, likewise, may end up causing more suffering and death than they prevent. Minimizing deaths means minimizing the deaths that we know how to predict and measure. It is impossible to measure the added deaths that might come from isolation-induced depression, for instance, or the despair caused by unemployment, or the lowered immunity and deterioration in health that chronic fear can cause. Loneliness and lack of social contact has been shown to increase inflammation, depression, and dementia. According to Lissa Rankin, M.D., air pollution increases risk of dying by 6%, obesity by 23%, alcohol abuse by 37%, and loneliness by 45%.

Another danger that is off the ledger is the deterioration in immunity caused by excessive hygiene and distancing. It is not only social contact that is necessary for health, it is also contact with the microbial world. Generally speaking, microbes are not our enemies, they are our allies in health. A diverse gut biome, comprising bacteria, viruses, yeasts, and other organisms, is essential for a well-functioning immune system, and its diversity is maintained through contact with other people and with the world of life. Excessive hand-washing, overuse of antibiotics, aseptic cleanliness, and lack of human contact might do more harm than good. The resulting allergies and autoimmune disorders might be worse than the infectious disease they replace. Socially and biologically, health comes from community. Life does not thrive in isolation.

Seeing the world in us-versus-them terms blinds us to the reality that life and health happen in community. To take the example of infectious diseases, we fail to look beyond the evil pathogen and ask, What is the role of viruses in the microbiome? (See also here.) What are the body conditions under which harmful viruses proliferate? Why do some people have mild symptoms and others severe ones (besides the catch-all non-explanation of “low resistance”)? What positive role might flus, colds, and other non-lethal diseases play in the maintenance of health?

War-on-germs thinking brings results akin to those of the War on Terror, War on Crime, War on Weeds, and the endless wars we fight politically and interpersonally. First, it generates endless war; second, it diverts attention from the ground conditions that breed illness, terrorism, crime, weeds, and the rest.

Despite politicians’ perennial claim that they pursue war for the sake of peace, war inevitably breeds more war. Bombing countries to kill terrorists not only ignores the ground conditions of terrorism, it exacerbates those conditions. Locking up criminals not only ignores the conditions that breed crime, it creates those conditions when it breaks up families and communities and acculturates the incarcerated to criminality. And regimes of antibiotics, vaccines, antivirals, and other medicines wreak havoc on body ecology, which is the foundation of strong immunity. Outside the body, the massive spraying campaigns sparked by Zika, Dengue Fever, and now Covid-19 will visit untold damage upon nature’s ecology. Has anyone considered what the effects on the ecosystem will be when we douse it with antiviral compounds? Such a policy (which has been implemented in various places in China and India) is only thinkable from the mindset of separation, which does not understand that viruses are integral to the web of life.

To understand the point about ground conditions, consider some mortality statistics from Italy (from its National Health Institute), based on an analysis of hundreds of Covid-19 fatalities. Of those analyzed, less than 1% were free of serious chronic health conditions. Some 75% suffered from hypertension, 35% from diabetes, 33% from cardiac ischemia, 24% from atrial fibrillation, 18% from low renal function, along with other conditions that I couldn’t decipher from the Italian report. Nearly half the deceased had three or more of these serious pathologies. Americans, beset by obesity, diabetes, and other chronic ailments, are at least as vulnerable as Italians. Should we blame the virus then (which killed few otherwise healthy people), or shall we blame underlying poor health? Here again the analogy of the taut rope applies. Millions of people in the modern world are in a precarious state of health, just waiting for something that would normally be trivial to send them over the edge. Of course, in the short term we want to save their lives; the danger is that we lose ourselves in an endless succession of short terms, fighting one infectious disease after another, and never engage the ground conditions that make people so vulnerable. That is a much harder problem, because these ground conditions will not change via fighting. There is no pathogen that causes diabetes or obesity, addiction, depression, or PTSD. Their causes are not an Other, not some virus separate from ourselves, and we its victims.

Even in diseases like Covid-19, in which we can name a pathogenic virus, matters are not so simple as a war between virus and victim. There is an alternative to the germ theory of disease that holds germs to be part of a larger process. When conditions are right, they multiply in the body, sometimes killing the host, but also, potentially, improving the conditions that accommodated them to begin with, for example by cleaning out accumulated toxic debris via mucus discharge, or (metaphorically speaking) burning them up with fever. Sometimes called “terrain theory,” it says that germs are more symptom than cause of disease. As one meme explains it: “Your fish is sick. Germ theory: isolate the fish. Terrain theory: clean the tank.”

A certain schizophrenia afflicts the modern culture of health. On the one hand, there is a burgeoning wellness movement that embraces alternative and holistic medicine. It advocates herbs, meditation, and yoga to boost immunity. It validates the emotional and spiritual dimensions of health, such as the power of attitudes and beliefs to sicken or to heal. All of this seems to have disappeared under the Covid tsunami, as society defaults to the old orthodoxy.

Case in point: California acupuncturists have been forced to shut down, having been deemed “non-essential.” This is perfectly understandable from the perspective of conventional virology. But as one acupuncturist on Facebook observed, “What about my patient who I’m working with to get off opioids for his back pain? He’s going to have to start using them again.” From the worldview of medical authority, alternative modalities, social interaction, yoga classes, supplements, and so on are frivolous when it comes to real diseases caused by real viruses. They are relegated to an etheric realm of “wellness” in the face of a crisis. The resurgence of orthodoxy under Covid-19 is so intense that anything remotely unconventional, such as intravenous vitamin C, was completely off the table in the United States until two days ago (articles still abound “debunking” the “myth” that vitamin C can help fight Covid-19). Nor have I heard the CDC evangelize the benefits of elderberry extract, medicinal mushrooms, cutting sugar intake, NAC (N-acetyl L-cysteine), astragalus, or vitamin D. These are not just mushy speculation about “wellness,” but are supported by extensive research and physiological explanations. For example, NAC (general info, double-blind placebo-controlled study) has been shown to radically reduce incidence and severity of symptoms in flu-like illnesses.

As the statistics I offered earlier on autoimmunity, obesity, etc. indicate, America and the modern world in general are facing a health crisis. Is the answer to do what we’ve been doing, only more thoroughly? The response so far to Covid has been to double down on the orthodoxy and sweep unconventional practices and dissenting viewpoints aside. Another response would be to widen our lens and examine the entire system, including who pays for it, how access is granted, and how research is funded, but also expanding out to include marginal fields like herbal medicine, functional medicine, and energy medicine. Perhaps we can take this opportunity to reevaluate prevailing theories of illness, health, and the body. Yes, let’s protect the sickened fish as best we can right now, but maybe next time we won’t have to isolate and drug so many fish, if we can clean the tank.

I’m not telling you to run out right now and buy NAC or any other supplement, nor that we as a society should abruptly shift our response, cease social distancing immediately, and start taking supplements instead. But we can use the break in normal, this pause at a crossroads, to consciously choose what path we shall follow moving forward: what kind of healthcare system, what paradigm of health, what kind of society. This reevaluation is already happening, as ideas like universal free healthcare in the USA gain new momentum. And that path leads to forks as well. What kind of healthcare will be universalized? Will it be merely available to all, or mandatory for all – each citizen a patient, perhaps with an invisible ink barcode tattoo certifying one is up to date on all compulsory vaccines and check-ups. Then you can go to school, board a plane, or enter a restaurant. This is one path to the future that is available to us.

Another option is available now too. Instead of doubling down on control, we could finally embrace the holistic paradigms and practices that have been waiting on the margins, waiting for the center to dissolve so that, in our humbled state, we can bring them into the center and build a new system around them.

The Coronation

There is an alternative to the paradise of perfect control that our civilization has so long pursued, and that recedes as fast as our progress, like a mirage on the horizon. Yes, we can proceed as before down the path toward greater insulation, isolation, domination, and separation. We can normalize heightened levels of separation and control, believe that they are necessary to keep us safe, and accept a world in which we are afraid to be near each other. Or we can take advantage of this pause, this break in normal, to turn onto a path of reunion, of holism, of the restoring of lost connections, of the repair of community and the rejoining of the web of life.

Do we double down on protecting the separate self, or do we accept the invitation into a world where all of us are in this together? It isn’t just in medicine we encounter this question: it visits us politically, economically, and in our personal lives as well. Take for example the issue of hoarding, which embodies the idea, “There won’t be enough for everyone, so I am going to make sure there is enough for me.” Another response might be, “Some don’t have enough, so I will share what I have with them.” Are we to be survivalists or helpers? What is life for?

On a larger scale, people are asking questions that have until now lurked on activist margins. What should we do about the homeless? What should we do about the people in prisons? In Third World slums? What should we do about the unemployed? What about all the hotel maids, the Uber drivers, the plumbers and janitors and bus drivers and cashiers who cannot work from home? And so now, finally, ideas like student debt relief and universal basic income are blossoming. “How do we protect those susceptible to Covid?” invites us into “How do we care for vulnerable people in general?”

That is the impulse that stirs in us, regardless of the superficialities of our opinions about Covid’s severity, origin, or best policy to address it. It is saying, let’s get serious about taking care of each other. Let’s remember how precious we all are and how precious life is. Let’s take inventory of our civilization, strip it down to its studs, and see if we can build one more beautiful.

As Covid stirs our compassion, more and more of us realize that we don’t want to go back to a normal so sorely lacking it. We have the opportunity now to forge a new, more compassionate normal.

Hopeful signs abound that this is happening. The United States government, which has long seemed the captive of heartless corporate interests, has unleashed hundreds of billions of dollars in direct payments to families. Donald Trump, not known as a paragon of compassion, has put a moratorium on foreclosures and evictions. Certainly one can take a cynical view of both these developments; nonetheless, they embody the principle of caring for the vulnerable.

From all over the world we hear stories of solidarity and healing. One friend described sending $100 each to ten strangers who were in dire need. My son, who until a few days ago worked at Dunkin’ Donuts, said people were tipping at five times the normal rate – and these are working class people, many of them Hispanic truck drivers, who are economically insecure themselves. Doctors, nurses, and “essential workers” in other professions risk their lives to serve the public. Here are some more examples of the love and kindness eruption, courtesy of ServiceSpace:

Perhaps we’re in the middle of living into that new story. Imagine Italian airforce using Pavoratti, Spanish military doing acts of service, and street police playing guitars — to *inspire*. Corporations giving unexpected wage hikes. Canadians starting “Kindness Mongering.” Six year old in Australia adorably gifting her tooth fairy money, an 8th grader in Japan making 612 masks, and college kids everywhere buying groceries for elders. Cuba sending an army in “white robes” (doctors) to help Italy. A landlord allowing tenants to stay without rent, an Irish priest’s poem going viral, disabled activitists producing hand sanitizer. Imagine. Sometimes a crisis mirrors our deepest impulse — that we can always respond with compassion.

As Rebecca Solnit describes in her marvelous book, A Paradise Built in Hell, disaster often liberates solidarity. A more beautiful world shimmers just beneath the surface, bobbing up whenever the systems that hold it underwater loosen their grip.

For a long time we, as a collective, have stood helpless in the face of an ever-sickening society. Whether it is declining health, decaying infrastructure, depression, suicide, addiction, ecological degradation, or concentration of wealth, the symptoms of civilizational malaise in the developed world are plain to see, but we have been stuck in the systems and patterns that cause them. Now, Covid has gifted us a reset.

A million forking paths lie before us. Universal basic income could mean an end to economic insecurity and the flowering of creativity as millions are freed from the work that Covid has shown us is less necessary than we thought. Or it could mean, with the decimation of small businesses, dependency on the state for a stipend that comes with strict conditions. The crisis could usher in totalitarianism or solidarity; medical martial law or a holistic renaissance; greater fear of the microbial world, or greater resiliency in participation in it; permanent norms of social distancing, or a renewed desire to come together.

What can guide us, as individuals and as a society, as we walk the garden of forking paths? At each junction, we can be aware of what we follow: fear or love, self-preservation or generosity. Shall we live in fear and build a society based on it? Shall we live to preserve our separate selves? Shall we use the crisis as a weapon against our political enemies? These are not all-or-nothing questions, all fear or all love. It is that a next step into love lies before us. It feels daring, but not reckless. It treasures life, while accepting death. And it trusts that with each step, the next will become visible.

Please don’t think that choosing love over fear can be accomplished solely through an act of will, and that fear too can be conquered like a virus. The virus we face here is fear, whether it is fear of Covid-19, or fear of the totalitarian response to it, and this virus too has its terrain. Fear, along with addiction, depression, and a host of physical ills, flourishes in a terrain of separation and trauma: inherited trauma, childhood trauma, violence, war, abuse, neglect, shame, punishment, poverty, and the muted, normalized trauma that affects nearly everyone who lives in a monetized economy, undergoes modern schooling, or lives without community or connection to place. This terrain can be changed, by trauma healing on a personal level, by systemic change toward a more compassionate society, and by transforming the basic narrative of separation: the separate self in a world of other, me separate from you, humanity separate from nature. To be alone is a primal fear, and modern society has rendered us more and more alone. But the time of Reunion is here. Every act of compassion, kindness, courage, or generosity heals us from the story of separation, because it assures both actor and witness that we are in this together.

I will conclude by invoking one more dimension of the relationship between humans and viruses. Viruses are integral to evolution, not just of humans but of all eukaryotes. Viruses can transfer DNA from organism to organism, sometimes inserting it into the germline (where it becomes heritable). Known as horizontal gene transfer, this is a primary mechanism of evolution, allowing life to evolve together much faster than is possible through random mutation. As Lynn Margulis once put it, we are our viruses.

And now let me venture into speculative territory. Perhaps the great diseases of civilization have quickened our biological and cultural evolution, bestowing key genetic information and offering both individual and collective initiation. Could the current pandemic be just that? Novel RNA codes are spreading from human to human, imbuing us with new genetic information; at the same time, we are receiving other, esoteric, “codes” that ride the back of the biological ones, disrupting our narratives and systems in the same way that an illness disrupts bodily physiology. The phenomenon follows the template of initiation: separation from normality, followed by a dilemma, breakdown, or ordeal, followed (if it is to be complete) by reintegration and celebration.

Now the question arises: Initiation into what? What is the specific nature and purpose of this initiation?The popular name for the pandemic offers a clue: coronavirus. A corona is a crown. “Novel coronavirus pandemic” means “a new coronation for all.”

Already we can feel the power of who we might become. A true sovereign does not run in fear from life or from death. A true sovereign does not dominate and conquer (that is a shadow archetype, the Tyrant). The true sovereign serves the people, serves life, and respects the sovereignty of all people. The coronation marks the emergence of the unconscious into consciousness, the crystallization of chaos into order, the transcendence of compulsion into choice. We become the rulers of that which had ruled us. The New World Order that the conspiracy theorists fear is a shadow of the glorious possibility available to sovereign beings. No longer the vassals of fear, we can bring order to the kingdom and build an intentional society on the love already shining through the cracks of the world of separation.

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